Avec des terres arables estimées à 80 millions d’hectares et une production déjà certifiée biologique, la République démocratique du Congo ambitionne de devenir un acteur majeur sur les marchés mondiaux du café et du cacao. Lors d’un briefing à Kinshasa, Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur, a souligné les opportunités économiques que représentent ces filières et les plans du gouvernement pour maximiser leur potentiel.
« Aujourd’hui, nous produisons entre 100 000 et 200 000 tonnes de cacao par an, mais notre ambition est claire : atteindre 3 millions de tonnes d’ici à 2030 », a déclaré Julien Paluku. Selon lui, cette croissance pourrait générer jusqu’à 30 milliards de dollars de revenus annuels, contribuant à diversifier l’économie du pays, actuellement dominée par le secteur minier.
Le cacao et le café congolais sont particulièrement prisés pour leur qualité. « Nos produits sont biologiques, cultivés sans engrais chimiques, sur des terres naturellement fertiles. Ils captent l’attention des chocolatiers et torréfacteurs du monde entier, notamment en Europe et en Asie », a affirmé le ministre.
En 2022, la RDC s’est classée deuxième exportateur africain de cacao biologique, avec 10 869 tonnes expédiées. À l’instar du projet « Cacao Tshopo », qui vise à développer un label international pour cette région, des initiatives se multiplient pour valoriser la production locale et en renforcer la traçabilité.
Avec une distinction claire entre ses 155 millions d’hectares de forêt tropicale et ses 80 millions d’hectares de terres arables, la RDC dispose d’un vaste potentiel encore largement inexploité. « Nous avons tout pour réussir : des terres arables non forestières, une biodiversité exceptionnelle et des producteurs motivés. Contrairement à certaines idées reçues, nos cultures n’entraînent pas de déforestation, et la RDC affiche un taux annuel de déforestation de seulement 0,03 % », a précisé Julien Paluku.
Pour maximiser la valeur ajoutée, le gouvernement congolais a mis en place des zones économiques spéciales (ZES), notamment à Musienene, dans le Nord-Kivu, et à Maluku, près de Kinshasa. Ces ZES sont dédiées à la transformation locale des produits agricoles. « En transformant nos produits localement, nous pourrons conquérir de nouveaux marchés tout en créant de l’emploi et en renforçant l’économie locale », a ajouté le ministre.
Face aux incertitudes liées aux normes européennes sur la déforestation, Kinshasa mise sur la diversification de ses débouchés. La RDC a réintégré l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), facilitant les exportations vers les États-Unis, et explore activement les marchés chinois et indiens.
« Avec une population mondiale de 8 milliards d’habitants, nous devons positionner nos produits sur les marchés où la demande est croissante, notamment pour le cacao et le café biologiques », a souligné le ministre.
En conjuguant des efforts pour améliorer les infrastructures, renforcer les capacités des producteurs et valoriser les produits sur les marchés internationaux, la RDC ambitionne de devenir un leader mondial dans les filières café et cacao. « Si chaque Chinois consomme ne serait-ce qu’un chocolat par an, imaginez le potentiel pour notre cacao », a conclu Julien Paluku.
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