Il est important de noter que, de la lecture du Décret-Loi 032 du 15 octobre 1997 portant création du Service national à son Article 3, il ressort clairement que le Service national est un organe paramilitaire d’éducation, d’encadrement et de mobilisation des actions civiques et patriotiques en vue de la reconstruction de notre pays. Henri Mova Sakanyi estime qu’il s’agit d’une école de civisme pour forger le destin national, et je suis singulièrement d’accord avec son approche.
Le service National, que Laurent Désiré Kabila a initié, dont le centre pilote situé dans le Territoire de Kaniama est aujourd’hui entrain de contribuer à la récupération des enfants sans domicile devenus la cause de l’insécurité dans les grandes villes du pays. L’arrestation et le transfert de ces criminels à Kanyama a pour effet louable d’assurer une production de maïs toujours croissante depuis 5ans.
Néanmoins il sied de sonner l’alerte pour ne pas voir ce projet sombrer à cause de certaines dérives susceptibles de l’éloigner de sa mission primaire.
Déjà dans l’opinion quatre grandes inquiétudes prenent de l’ampleur tous les jours dans notre société :
Le Service National est considéré aujourd’hui comme un centre de concentration pour les rebus de la société. Depuis un temps, l’on enregistre des arrestations des enfants de la rue, des criminels urbains appelé « Kuluna » pour les envoyer à Kasese. Certes l’action n’est pas mauvaise en soit mais le message derrière présente le Service national comme une cabane des brigands. Ceci enlève tout le prestige que revêtait ce service à sa création.
les méthodes de recrutement des candidats à reléguer dans ce centre laissent à désirer. A Lubumbashi et à Kolwezi, la police s’est lancée dans une campagne d’arrestation arbitraire des jeunes, sur des critères ridicules tel les personnes aux long cheveux ou à la barbe, ou mal habillé, ou encore juste avoir le malheur de rencontre cette patrouille… cette campagne terni l’image du Service National qui au départ est un engagement volontaire et avec fierté des compatriotes congolais.
Par ailleurs, il faut aussi considérer tout le mythe qui entoure la gestion de ce centre. La société civile locale n’a pas accès au centre pour évaluer le respect des droits de l’homme. Quels sont les effectifs ? Les listes des enfants envoyés sont-elles disponibles ? Et quel est le mécanisme de restitution des informations pour ceux qui ont des familles reconnues ?
Il est important de comprendre que le Service National a la vocation de contribuer à l’érection d’un sentiment patriotique au sein de la population, mais malheureusement les populations des sites environnant le centre de KASESE n’ont jamais bénéficié des bienfaits de sa présence. Les jeunes formés contribuent à développer d’autres sites lointains et laissent le sol de Kaniama inchangé. Notez que le territoire de Kaniama a un hôpital non équipé et sans médicament, pas d’école de qualité, des écoles sans bancs alors que les jeunes bâtisseurs travaillent le bois de Kaniama pour produire des bancs…
Dans notre entendement et nous en faisons notre modeste contribution pour l’amélioration de l’état actuel des choses, le Service National devait être un centre attrayant pour tous les jeunes Congolais voulant apprendre et contribuer à la reconstruction de nos milieux.
Aux autorités du Service National de recadrer la politique communicationnelle pour redorer l’image de cette institution. Le Service National devrait, selon sa mission, s’installer dans toutes les provinces et transformer les centres en véritable catalyseur de l’exode urbain, où les jeunes découvriront le trésor caché et le charme de la vie campagnarde ainsi que la nécessité de sauver nos villages et nos campagnes, d’où devra partir un développement durable.
Jesse Numbi
Notable de Kaniama et président de la mutuelle Mutombo Mukulu