L’inspecteur Général des Finances, chef de service Jules Alingete Key, dit apporter son soutien à l’initiative du Chef de l’État Félix Tshisekedi relative à la mise en place d’un parquet financier censé soutenir la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics en République Démocratique du Congo. Intervenant sur Top Congo FM mercredi 14 février dernier, Jules Alingete Key estime que les personnes qui doivent présenter les présumés détournements devant la justice doivent être outillées en matière de finances publiques pour bien ficeler différents dossiers.
Moi, je pense que ce qui peut nous intéresser au niveau de la justice aujourd’hui, c’est la mise en place d’un parquet financier. Pourquoi ? Nous en parlons tout d’abord, car Son Excellence Monsieur le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi l’a mentionné lors de sa campagne électorale qu’il ferait tout pour que le parquet financier voie le jour en République démocratique du Congo. L’inspection générale des finances s’inscrit dans cette logique parce que nous estimons que les personnes qui doivent présenter les présumés détournements devant les juges, ces personnes doivent elles-mêmes être bien outillées en matière de finances publiques. Ce qui n’est pas nécessairement le cas aujourd’hui, car le profil de formation de nos magistrats est un profil où l’on est peu familiarisé avec les chiffres, la comptabilité, et les finances publiques », a illustré Jules Alingete dans son intervention.
Et de poursuivre :
« Lorsque nous avons un parquet financier, nous sélectionnons des magistrats bien rodés en matière de finances publiques qui suivront d’ailleurs des formations spécifiques pour devenir des spécialistes en comptabilité et en finances publiques, afin de mieux cerner les questions de détournement des deniers publics liées à la comptabilité ou aux finances publiques. C’est pourquoi nous voulons que le parquet financier soit mis en place, afin que nous ayons des magistrats qui maîtrisent les domaines des finances publiques et qui soient vraiment capables de ficeler les dossiers de manière à ce que les détournements ne puissent pas échapper à la justice. Parfois, les cours et tribunaux acquittent faute de preuves suffisantes présentées par le parquet, et lorsque le juge a des doutes, ils profitent à l’accusé. Voilà pourquoi nous militons pour qu’un parquet financier soit instauré, avec lequel nous travaillerons pour booster davantage les dossiers qui doivent être présentés devant les juges ».
Jules Alingete ne s’est pas dit déçu du fonctionnement de la justice dans la lutte contre la corruption et les détournements des deniers publics. Pour lui, le plus important est de renforcer les mesures de contrôle pour réduire sensiblement l’impact de ce fléau en République Démocratique du Congo.
« Je ne suis pas déçu par les résultats obtenus dans l’ensemble dans la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics dans le pays. J’estime que nous avons fait des avancées, mais il peut y avoir des ratés, c’est tout à fait normal. Cela ne constitue pas un motif de déception pour moi. Je ne suis pas aigri. Le plus important, c’est que, globalement, avec les autres organes de contrôle comme le CENAREF, la Cour des comptes, et autres, nous avons accompli un travail impeccable dans le pays pour repousser les antivaleurs. Il faut également retenir qu’aucun environnement n’est exempt d’antivaleurs dans la gestion publique. Le plus important est de contenir ces antivaleurs à des proportions minimales. C’est ce que tous les organes de contrôle font. Malgré notre présence, il y aura toujours des prédateurs, des personnes qui tenteront de détourner les deniers publics, et c’est la réalité de la vie », a souligné Jules Alingete Key.
Lors de sa nomination, l’inspecteur général des finances chef de service, Jules Alingete Key, a trouvé un service connu seulement de la haute sphère politique mais totalement méconnu du Congolais lambda, alors que cette institution a été créée par ordonnance n°87-323 du 15 septembre 1987 du Maréchal Mobutu en 1987. À sa création et pendant le long règne de Mobutu (32 ans), ainsi que durant les 21 ans du règne des Kabila (père et fils), l’IGF était un service sans actions de grande envergure. Depuis l’avènement de Félix Tshisekedi à la tête de la RDC, elle joue un grand rôle dans la mobilisation des recettes publiques avec sa patrouille financière. Cette patrouille financière générale dans les finances publiques, d’après Jules Alingete, reste la clé principale de l’éradication des antivaleurs dans la gestion publique. Cela a permis à l’État d’atteindre un niveau de mobilisation des recettes publiques propres de l’ordre de 10 milliards USD, alors qu’avant 2020, cette mobilisation se situait à 3 milliards USD. Cette performance se réalise malgré les différentes crises mondiales ayant négativement impacté l’économie mondiale, de 2020 à ce jour (Covid-19, guerre russo-ukrainienne).
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