Deux (2) ans après l’instauration de l’état de siège en Ituri, le gouverneur militaire insiste sur l’importance que revêt la réconciliation entre certaines communautés de la province (le pardon mutuel) pour que cette partie de la République démocratique du Congo recouvre une paix durable tant recherchée depuis des années.
Ce message interpellateur, le lieutenant-général Luboya N’kashama Johnny, l’a lancé dans ses adresses à la population de Gety dans la chefferie des Walendu-Bindi et celle de Boga dans la chefferie des Bahema Boga, en territoire d’Irumu, le mardi 09 mai 2023. Aussi, le mercredi 10 mai à Tchabi dans la chefferie des Banyari-Tchabi et à Burasi (chefferie des Bahema Mitego), au cours d’une mission d’itinérance dans ces entités.
La réconciliation entre les ituriens, a-t-il dit, passe également par un “bon partage” des richesses naturelles que regorge la province.
“Pour que la paix revienne, il faut se réconcilier, se réconcilier signifie savoir se pardonner. Beaucoup nous ont fait du mal et nous aussi, nous avons fait du mal aux autres, il faut se pardonner, se réconcilier. Nous devons nous aimer avec nos voisins. La terre que Dieu nous a donnée, la richesse que Dieu nous a donnée, nous devons savoir bien la partager. La province de l’Ituri est une terre bénie, nous avons tout ici. Il y a de l’or, le pâturage existe, le bois existe et tout ce qu’il y a de précieux existe ici. Ce qui reste, c’est le bon partage. Que ceux-ci prennent ça et ceux-là prennent ça. Si nous nous réconcilions, nous allons beaucoup profiter des projets qui existent”, a-t-il lancé.
Toutefois, le chef de l’administration militaire de l’Ituri n’écarte pas l’option des armes pour traquer les groupes armés locaux réfractaires au processus de paix. Selon lui, ces milices seront traitées de la même manière que les terroristes ADF.
“Ne pensez pas que l’Etat sommeille. Nous laissons le temps aux populations de s’entendre. Ceux-là qui ne vont pas aimer, nous allons les considérer comme les ADF. Nous sommes venus ici, nous avons utilisé les armes à Kobu, à Nyangarayi, des hélicoptères et consorts, mais notre travail n’est pas de tuer les ituriens. Mais, s’il y a des récalcitrants, nous serons obligés d’utiliser la force, de les neutraliser. En aucun jour, les Hema vont demander aux Lendu de quitter car ils vont les tuer tous. Il n’y aura pas un jour où les Hema diront qu’ils vont tuer tous les Ngiti. Il n’y aura pas un jour où les Bira diront qu’ils vont tuer tous les Walese, il n’y aura pas un jour où les Ngiti diront qu’ils vont tuer tous les Bira. Nous avons l’obligation de nous entendre”, a déclaré le lieutenant-général Luboya N’kashama Johnny.
Par ailleurs, le commandant des opérations militaires en Ituri a annoncé l’arrivée imminente de nouvelles unités des FARDC (forces armées de la République démocratique du Congo) pour renforcer celles qui sont sur le terrain.
Dans l’entre-temps, l’insécurité persiste dans plusieurs parties de la province, 2 ans après l’instauration de l’état de siège, bien que des avancées ont été enregistrées dans certaines régions où le calme règne. Outre les terroristes ADF qui sont auteurs des tueries au sud d’Irumu, les milices CODECO et Zaïre sont également à la base de nombreuses exactions contre la population civile à Djugu.
Pour rappel, à son retour de Kinshasa le mardi 04 avril dernier, le gouverneur militaire a annoncé la tenue d’un dialogue intercommunautaire pour réconcilier certaines communautés de la province qui sont à couteaux tirés depuis un moment.
Séraphin Banangana depuis Boga