S’achemine-t-on vers un changement de la Constitution en République démocratique du Congo ? Si aucun signal n’a été donné officiellement dans ce sens, le député national Delly Sessanga dénonce ce projet qui serait en gestation au niveau de l’Union sacrée de la Nation, plateforme chère au président Félix Tshisekedi. Cette initiative serait l’œuvre du député national André Mbata. Cependant, elle n’est pas soutenue par certains politiques de la RD Congo. Dans une interview accordée à 7SUR7.CD ce mardi 1er mars 2022, le rapporteur du bureau politique du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), Patrick Nkanga, qualifie cette initiative de « plaisanterie ». À l’en croire, si cette initiative se concrétisait, le Pacte républicain de Sun City serait brisé. Et cela, a-t-il soutenu, détruira l’équilibre de la 3ème République.
7SUR7 : Le député Delly Sesanga dénonce un projet de changement de Constitution mû par l’USN André Mbata. Le changement de constitution est-il constitutionnel ?
P. Nkanga : Ce n’est pas seulement le député Delly Sesanga. C’est tout le peuple qui voit de mauvaise augure cette plaisanterie. La modification de la Constitution est Constitutionnelle. Mais, vouloir changer de Constitution ne repose sur aucune base juridique, politique ni sociologique, à cet instant précis où les préoccupations du peuple sont ailleurs.
De préciser que toute modification de la Constitution ne peut être entreprise en violation de l’article 220.
7SUR7 : Politiquement et socialement, ce projet s’il s’avère vrai, est-il opportun ? Faut-il faire voler en éclats le consensus politique de Sun City de 2003 ?
P. Nkanga : Faire voler en éclats le Pacte Républicain de Sun City, c’est briser tout l’équilibre de la 3ème République. Le consensus de Sun City est le plus important que notre pays ait connu depuis son indépendance. Si nous en sortons, on exposera le pays à des crises multiformes. C’est à la suite de notre histoire politique récente, que le Pacte Républicain de Sun City a convenu d’avoir cet équilibre institutionnel entre le président de la République, le gouvernement et le Parlement. Notre pays ne connaîtra plus jamais un Mobutu. Nous avons appris de notre histoire. Ceux qui n’ont tiré aucune conséquence de notre histoire récente, agissent avec irresponsabilité.
7SUR7 : Avec le recul, ne fallait-il pas préserver la coalition FCC – CACH ?
P. Nkanga : C’était la meilleure structuration politique pour une gestion équilibrée du Pays, fort de la configuration post-électorale de 2018. Mais, avec du recul, c’est une bonne chose qu’il y ait eu rupture. Car, le peuple sait juger aujourd’hui, par lui-même les performances du pouvoir actuel, sans le bouc-émissaire désigné que nous étions.
7SUR7 : Près d’une année après la rupture de l’alliance FCC – CACH, la gouvernance s’est-elle améliorée ?
P. Nkanga : En tant que journaliste, poser cette question à nos concitoyens. Observer notre société sur le plan social, économique et sécuritaire et dites-moi ce qu’aura été votre conclusion, en âme et conscience.
7SUR7 : Depuis cette rupture, le FCC fidèle à Joseph Kabila, ne s’est toujours pas reformé. Pourquoi cette léthargie à moins de 2 ans des élections générales ? Où en est le comité de crise piloté par Tshibanda ?
P. Nkanga : À une crise profonde, il faut des solutions approfondies. Nous avons en RDC, une véritable crise d’hommes de conviction. Il fallait du temps pour observer cette situation politique. Il n’est nullement question de léthargie. La hiérarchie de notre famille politique se prononcera en temps utiles sur les enjeux d’avenir, avec qui et comment elle s’y prendra.
7SUR7 : La situation n’est pas aussi reluisante au PPRD avec des dissensions internes et des défections de plusieurs barons. À quand la redynamisation ?
P. Nkanga : Il n’y a pas de dissensions internes. Il y’a plutôt une expression démocratique, ce qui a toujours caractérisé notre parti depuis sa création. En tant que Rapporteur du bureau politique, organe de décision et d’orientation de notre parti, je peux, cependant, vous affirmez qu’il y’a une profonde volonté de changement interne et c’est légitime. Le camarade président national de notre parti en a l’exacte mesure. En tant que leader de notre parti, il veille à tout prix, à son unité et à la discipline qui doit le caractériser. Mais, ne vous en faites pas, il veille également à la rédynamisation de son parti, de notre Parti.
7sur7.cd
