C’est une scène horrible à laquelle plusieurs personnes assistent impuissantes après plusieurs tentatives d’intervention sans succès. Le marché municipal de Matete, le deuxième plus grand de Kinshasa après le gigantesque « Zando », situé au quartier Mutoto dans la commune qui porte son nom, a pris feu au soir du dimanche 26 mai 2024.
Sur place, c’est la désolation. Tout est en cendres. Marchandises, tôles et tout ce que cet incendie d’origine inconnue a rencontré sur son chemin ont été calcinés, notamment dans le pavillon où sont vendus des produits traditionnels, des bidons, des bouteilles en plastique et autres.
Depuis 18 heures, heure à laquelle le feu a commencé sa progression, à en croire plusieurs témoins du drame, c’est à 22 heures que le camion anti-incendie est arrivé sur les lieux. Les dégâts étant énormes, il n’y avait plus d’eau pour éteindre le feu, soupire un sapeur-pompier sous son masque, transpirant et visiblement épuisé.
« Ce feu a commencé à ravager depuis longtemps et a déjà malheureusement causé plusieurs dégâts. Arrivés sur place, nous avons essayé de couper la propagation afin que le feu ne se propage pas dans d’autres pavillons. Nous avons travaillé sans succès, car la capacité d’eau du premier camion n’était pas à la hauteur de la situation. C’est pourquoi nous avons demandé l’envoi d’une citerne de 14 000 litres pour arrêter ce feu », expliquait Cera à 23 heures, en attendant une intervention.
La population, quant à elle, déplore l’arrivée tardive du service anti-incendie, alors que l’incendie s’est déclaré à quelques encablures de la maison communale, du parquet de grande instance de Kinshasa Matete et du commissariat de police de cette municipalité.
« Nous ne savons pas encore l’origine de ce feu. J’étais sorti, et à mon retour, j’ai vu de loin un feu ici au marché. C’est très dur, car toutes les marchandises qui étaient ici sont calcinées. Les sapeurs-pompiers venus très tard ont tenté d’éteindre le feu mais n’ont pas réussi au regard de la gravité de la situation. L’État congolais est appelé à prendre les choses au sérieux pour redorer l’image du pays. En Europe, lorsqu’il y a un incendie, le service arrive rapidement sur place et le drame est évité. Pourquoi pas dans notre pays ? Regarde maintenant, c’est tout ce que font nos mamans qui est parti. Elles sont pour la plupart des veuves, comment vont-elles continuer à prendre en charge leurs familles ? » s’inquiète Guelord.
Outre les pertes de nombreux biens, une ancienne école de référence de Matete, Foyer, a également été endommagée par ce drame, brûlant de nombreux documents d’élèves.
« Mon cœur saigne de voir des ballons de vêtements, des stocks et des produits traditionnels que vendent nos mamans brûlés par ce feu, qui aurait pu être maîtrisé depuis 18 heures. On vit dans quel pays comme ça ? » s’interroge Merveille, 17 ans.
Plusieurs vendeurs et vendeuses alertés cette même nuit ne se sont pas retenus sur place, versant des larmes en voyant leurs capitaux partir en fumée. Certains jeunes hommes qui ont pu entrer dans le pavillon ont fait main basse sur tout ce qu’ils ont trouvé, avant que la grande citerne ne vienne maîtriser cette déflagration.
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