« Ils m’ont violée à plusieurs alors que j’étais enceinte. Mon enfant est décédé dans mon ventre » (témoignage d’une victime des rebelles du M23)

Dans les territoires de Rustshuru, Masisi et une partie de Nyiragongo, depuis plusieurs années maintenant, le M23 commet des exactions et viole les droits de l’Homme.

Dans une table ronde organisée par l’association des femmes des médias AFEM ce jeudi 7 mars 2024 au bureau de l’ambassade des Pays-Bas à Goma en marge de la célébration de la Journée internationale de la femme, une femme dit avoir été violée par 4 combattants du M23 Furaha (nom d’emprunt) alors qu’elle était enceinte.

« J’ai été violée par plus de 4 hommes, tous rebelles du M23, chez nous en territoire de Rutshuru alors que j’étais enceinte.  Après leur acte ignoble, l’enfant est décédé dans le ventre ; je suis resté allongé… Mon mari a su ce qui s’est passé, il ne m’a pas soutenu. Avec d’autres déplacés, il a fui la guerre et aujourd’hui, il se trouve en Ouganda.« 

Ce viol qui a laissé des traces dans la vie de Furaha.

Je vous ai dit que mon enfant est décédé dans le ventre. Mais ce n’est pas tout. J’ai eu une fistule après le viol ; j’en ai souffert pendant longtemps. Je n’arrivais pas à retenir mes urines. Une dame m’a informé qu’il y a un hôpital qui soigne ce genre de maladies. Je suis allée à Heal Africa. À présent, je suis guérie.

Furaha vit dans un camp de déplacés situé dans le territoire de Nyiragongo près de la ville de Goma.

« Je suis avec mes 6 enfants dans le camp Bassin du Congo depuis au moins deux ans. Ici, la vie est compliquée. Pour avoir quelque chose à manger, je dois descendre à Goma aider les gens dans un dépôt d’haricots et le soir, ils me donnent 1 kg pour que j’aille nourrir mes enfants. Des fois, je n’arrive pas à y aller, et dans ce cas-là, nous ne mangeons pas.« 

Des organisations gouvernementales et non gouvernementales apportent de l’aide, mais elle ne suffit pas pour tout le monde.

« Des fois, certaines personnes viennent nous enregistrer ici sans revenir avec de l’aide et d’autres arrivent avec de la nourriture qui n’est malheureusement pas suffisante vu les nombres de personnes qui sont dans les camps dans le territoire de Nyiragongo. »

Furaha veut rentrer chez elle dans le Rutshuru.

« Je sais que vous, femmes journalistes, vous ne pouvez pas aller combattre pour que la paix revienne, mais je profite de votre présence pour demander aux décideurs de ramener la paix pour que je rentre chez moi avec mes enfants. Là bas, je peux cultiver et avoir de quoi nourrir mes enfants malgré l’absence de leur père. »

Plus de 100 femmes vivent dans le camp « Bassin du Congo ». La plupart ont subi des violences, elles ont besoin non seulement d’une assistance psychologique, mais aussi d’une assistance matérielle, car la plupart de leurs hommes sont soit partis, soit morts dans les affrontements entre la rébellion du M23 et les forces armées de la République démocratique du Congo.

/actualité.cd