L’Inspection générale des finances est sur tous les sujets brûlants de l’heure : paie des fonctionnaires, exonérations, riposte au covid, Go pass, Bukanda Lonzo… Cette institution qui dépend de la présidence de la république effectue à l’heure actuelle 34 missions de contrôle dont 26 à Kinshasa. Or elle n’a plus qu’une quarantaine d’inspecteurs encore actifs… l’IGF n’a pas recruté depuis trente ans. Le besoin se fait d’autant plus pressant que l’Inspection générale des finances contrôle aujourd’hui au quotidien toutes les recettes et dépenses de l’État pour prévenir tout détournement. Jules Alingete est un historique de l’Inspection générale des finances et le nouveau patron de l’institution depuis un peu plus de trois mois. Il répond aux questions de Sonia Rolley.
RFI : Comment essayez-vous de prévenir les détournements ?
Jules Alingete : Aujourd’hui, l’Inspection générale des Finances est informée de toutes les entrées et sorties au compte général de l’État. Presque dans les 24 heures après une sortie de fonds, nous avons l’information. Nous l’analysons, nous jugeons de l’opportunité, du bien fondé et nous faisons un rapport. En fait, ce système-là, nous avons tenu à (le) mettre en place pour rationaliser la gestion de la dépense publique congolaise.
Vous pensez que ça va changer quelque chose ?
Je crois que lorsque les gens savent que nous surveillons les dépenses publiques au jour le jour, ça doit changer des méthodes de travail.
Et pour les recettes, vous pensez que vous auriez un impact ?
Depuis que nous sommes arrivés, nous avions mis des inspecteurs dans toutes les régies pour surveiller le travail des régies. Nos inspecteurs sont là pour que les régies également changent de méthodes. En dépit du fait que le volume d’activités économiques n’est pas à la hauteur voulue, nous avons quand même des recettes. Tout ça, c’est le résultat des missions d’encadrement que nous avions mis (en place), l’annulation des exonérations fiscales et la suppression des compensations. Toutes ces mesures portent leur fruit.
Pourquoi aujourd’hui, on parle beaucoup plus de l’Inspection générale des finances ? Pourtant elle existe depuis longtemps, mais on ne la voyait pas publier des rapports dans ce pays.
Oui, parce que nous avons d’abord aujourd’hui un appui politique important, un accompagnement institutionnel qui nous permet de faire le travail en toute liberté. Il n’y a pas d’entraves, il n’y a pas d’obstacles. Et donc, nous avons changé de méthodes. Parce que depuis toujours l’Inspection générale des finances a fait du travail de qualité, mais les conclusions ont été toujours gardées. Alors l’impunité a continué. Aujourd’hui, nous pensons qu’il faut vraiment communiquer parce que dans les faits de détournements, il y a deux sanctions. Il y a d’abord ce que j’appelle la réprobation sociale puis la sanction judiciaire. La réprobation sociale, c’est lorsque tous les Congolais vont vous pointer du doigt comme auteur de leur malheur pour avoir mal géré les fonds de la République, vous sentirez que vous serez le rebut de la société. Et puis, la justice va s’en prendre à vous, vous comprendrez qu’il faut avoir peur de mal gérer les finances publiques. Voilà comment je conçois les choses pour le moment.
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