Haut-Katanga : La sécurité est devenue un gouffre financier qui pèse sur la province

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Engagé dans la modernisation de sa province, le gouverneur Jacques Kyabula Katwe se retrouve aujourd’hui face à un défi de détail à relever dans sa démarche : la sécurité des Haut-Katangais.  Ayant hérité d’une province décimée par l’insécurité presque dans toutes les grandes agglomérations, le chef de l’exécutif provincial ne cesse de tout faire pour relever ce défi, mais compte également sur l’appui du gouvernement central afin d’en finir avec ce mal qui freine le développement de sa circonscription. 

Au lendemain de la nouvelle incursion des miliciens Maï-maï Bakata Katanga, l’opinion s’interroge toujours sur les vraies raisons de l’insécurité dans la province du Haut-Katanga.

Fermeture des sites miniers, première cause de l’insécurité 

D’après M. Emmanuel Ilunga, analyste politique, la première raison est liée à la fermeture des différents sites miniers avec comme conséquence le départ au chômage d’une plus grande partie de jeunes attirés par ce secteur. “Le boom minier de 2009 avait attiré les jeunes de plusieurs provinces vers le Haut-Katanga. Et depuis la crise de 2015, beaucoup de mines ont fermé. La situation devient difficile ”, explique-t-il.

“En déshérence aujourd’hui, les jeunes se livrent à tout. Un facteur de l’insécurité. Malheureusement au sein de la police et de l’armée, il y a aussi des gens qui livrent des armes aux criminels”, se désole-t-il.

Pour cela, ajoute-t-il, un travail d’identification des forces de l’ordre est en cours pour se rassurer des éléments qui sont réellement affectés notamment à Lubumbashi, où plusieurs éléments de la PNC, par exemple, sont des « éléments incontrôlés ». Ils ne figurent pas sur la liste d’affectation mais reçoivent quand même leur salaire grâce à la bancarisation.

Des personnalités politiques et agents de sécurité derrières les Bakata Katanga

L’insécurité dans le Haut-Katanga, c’est aussi ces incursions à répétition des miliciens Maï-maï Bakata Katanga, dont la dernière en date est l’attaque contre le camp militaire Kimbeimbe et le dépôt d’armement avancé de Kibati, le dimanche 14 Février dernier, ayant coûté la vie à 16 personnes dont 3 militaires et 12 assaillants mais aussi un enfant d’un militaire.

Ce phénomène qui devient récurrent inquiète plus d’un citoyen dans le Haut-Katanga qui s’interroge sur la capacité de ces jeunes à contourner les forces de sécurité jusqu’à pénétrer à Lubumbashi. Ici l’hypothèse d’un soutien de certains acteurs politiques est plusieurs fois évoquée.

Selon Bobo Konzi, membre du Mouvement citoyen Congo D’abord, des personnalités politiques sont derrière la démarche de Bakata-Katanga. “Je ne peux pas les citer pour ma sécurité” a-t-il dit. Mais également, certains agents de sécurité basés à Lubumbashi ont des connexions avec les Maï-maï Bakata-Katanga. L’objectif de l’attaque du dimanche dernier était de s’approvisionner en munitions pour parvenir à prendre le contrôle total de la ville de Lubumbashi.

Un sabotage de l’action du Président de la République et du gouverneur lui-même

L’autre cause de l’insécurité dans la province du Haut-Katanga est la volonté de certains politiciens de saboter l’action du Chef de l’État en province, représentée par l’action du gouverneur. Pour M. Emmanuel Ilunga, l’insécurité est créée pour ternir l’image du chef de l’État, Félix Tshisekedi.

“Quand un politicien est frustré, il fait chanter le pouvoir. C’est dommage. Mais, cela va au-delà du gouvernement provincial, c’est au niveau national. On incrimine pas le maire de Beni ou le gouverneur du Nord-Kivu, Carly Nzanzu Kavivita, sur ce qui se passe à Beni. Quelques jeunes mêlés aux éléments de la police considérés comme de brebis galeuses se sont permis d’attaquer les deux camps militaires espérant prendre le contrôle des dépôts d’armement mais leur aventure n’a pas réussi ”, déplore l’analyste politique Emmanuel Ilunga.

Heureusement qu’avec l’implication du président de la République, le gouvernement Jacques Kyabula est en train de réussir à endiguer l’insécurité. Et les résultats sont là. La population a compris que le gouverneur n’est qu’un bouc émissaire, souligne-t-il.

Il faut dire que Jacques Kyabula n’est pas resté attentiste face à cette situation qui menace la quiétude de la population. Pour lutter contre l’insécurité dans le Haut-Katanga, le gouverneur prend régulièrement en charge la mobilité de la Police nationale congolaise [PNC], l’Agence nationale des Renseignements [ANR] et les Forces Armées de la République démocratique du Congo [FARDC].

L’autorité provinciale et son gouvernement ont depuis fourni à la police et à l’armée les carburants en permanence pour assurer la mobilité des forces de l’ordre. Ce qui ne fait pas ailleurs dans d’autres provinces. En réalité, cette dépense relève du gouvernement central. Mais, Kyabula le fait. Il a doté la police et l’armée de plus de 50 véhicules neufs et plus de 100 motos. La même opération s’est étendue à Kambove et Likasi.

Des fonds ont été mis même à leur disposition.

“Aujourd’hui, la sécurité est donc devenue un gouffre financier qui pèse sur la province”, déplore Emmanuel Ilunga. Au lieu que la province continue à engloutir beaucoup de ses ressources pour soutenir les militaires et policiers, il serait mieux que le gouvernement central s’assume en prenant en charge les policiers et militaires comme il le fait sur l’ensemble du pays, estime-t-il.

“Si on prend le coût du budget de la sécurité, ça pèse sur les finances de la province. Si on peut nous alléger avec cette charge, nous allons affecter ces moyens aux autres projets de développement socio-communautaires”, soutient Emmanuel Ilunga.

Nyota.net/acturdc.com

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