»S’il n’y a pas eu l’acceptabilité de cette activité (le retrait des troupes du M23 soutenu par les RDF) et l’engagement des parties, on ne l’aurait pas mis dans la feuille de route. Ce serait prendre les choses à la légère et ne pas être sincère vis-à-vis de soi-même », explique, invité du Magazine Le Débat sur top congo fm, Christophe Lutundula, vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères, 24 heures après la tenue du mini-sommet tripartite sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC convoqué mercredi 6 juillet 2022 par le président Angolais João Lourenço, qui a réuni notamment le président Rwandais Paul Kagame dont le pays est accusé de soutenir les rebelles du M23 à la base de plusieurs exactions dans ce coin de la RDC et le président Félix Tshisekedi.
Pour le patron de la Diplomatie Congolaise, le problème n’est pas de l’engagement des parties prenantes parce que »l’enjeu majeur, c’est la mise en œuvre de ces engagements. Ce n’est pas la première fois. Même dans sa déclaration, le Conseil de sécurité a recommandé le dépôt des armes, retrait immédiat et c’était le même discours même au niveau du Conseil de paix de l’Union africaine ».
Ultime réunion mardi prochain
C’est dans cette optique que les trois Chefs d’État ont décidé que la commission conjointe RDC-Rwanda se réunisse mardi prochain »pour examiner chaque activité, chaque objectif et la manière meilleure d’atteindre et de réaliser ces activités. Nous allons nous retrouver le mardi prochain pour aller en profondeur et donner vraiment les éléments concrets qui feront que ce qui a été décidé soit une réalité ».
Au sujet de la question épineuse de la reconnaissance de la présence des troupes Rwandaises sur le sol congolais par Paul Kagame, Christophe Lutundula indique que »je ne pourrais pas l’affirmer parce que formellement ce n’est pas ça. Mais dès lors que le Rwanda participe à l’idée du retrait, c’est-à-dire qu’il a un rôle à jouer ».
Implication de l’Ouganda et du Rwanda
Il révèle d’ailleurs que peu avant la tripartite, »le président Museveni a appelé le Chef de l’État Félix Tshisekedi pour lui dire que Paul Kagame et lui étaient en mesure d’obtenir du M23 leur retrait du territoire Congolais. Et Félix Tshisekedi a rappelé à Paul Kagame qu’ils ont une magistrature d’influence incontestable pour obtenir le retrait du M23, nonobstant les dénégations par rapport à son soutien ».
Et de poursuivre, »en réunion ministérielle, lorsque le général James Kabarebe a pris la parole, c’était pour nous dire que le général Makenga, qui est à la tête du M23 qui nous attaque, ne réside pas au Rwanda. Il réside en Ouganda. Ceux qui nous attaquent ne sont pas les M23 du Rwanda qui ont été désarmé, mais plutôt ceux de l’Ouganda qui leur donnent la logistique et les matériels ».
Raison pour laquelle « on s’est demandé pourquoi ne le disent-ils pas en face de l’Ouganda. Donc, on comprend que nos deux voisins sont impliqués dans ce qui se fait dans l’Est ».
Au sujet des accusations du Rwanda, selon lesquelles les FARDC collaboreraient avec les FDLR, il rassure que »nous mettons également en place un mécanisme ad-hoc pour vérifier les accusations réciproques de la RDC et du Rwanda, relativement au soutien du Rwanda au M23 et de la supposée collaboration des FARDC avec les FDLR ».
Quelle solution ?
Pour nous, »c’est évident qu’il ne peut y avoir de fin à la crise actuelle que si le M23 rentre dans les positions d’avant cette crise qu’il a provoquée avec le soutien de ses parrains. C’est ce qui nous garantit qu’une fois que chacun rentre dans sa position initiale, la crise ne va plus se répéter », estime le chef de la diplomatie congolaise qui a également accompagné Félix Tshisekedi à Luanda.
La première garantie pour une fin définitive de la crise, selon lui, c’est de »laisser le processus de Nairobi se terminer parce que lorsqu’on se réfère au communiqué conjoint du 21 avril signé par Paul Kagame, Evariste Ndayishimiye et Yoweri Museveni, ce processus a posé la problématique des groupes armés à travers toute la région et c’est pour cela qu’il a été prévu la mise en place d’une force régionale qui devra éradiquer tous les récalcitrants ».
La deuxième garantie, »c’est nous-mêmes. Il faut que nous ayons une armée forte. Notre système de défense doit être puissant et dissuasif. Le président y travaille bien qu’étant dans une période d’instabilité. Nous avons hérité d’une armée qui n’a pas pu être renforcée dans ses capacités et ses moyens. Nous devons consacrer beaucoup de moyens à notre système de défense. Tant que nous n’aurons pas un système de défense fort, nous serons comme un corps sans immunité ».