Les décisions issues des consultations présidentielles sont fiévreusement attendues plus d’une semaine après. Comme il l’avait lui-même promis, le chef de l’État doit s’exprimer. Mais que va dire Félix Tshisekedi en ce moment où il se livre une bataille sur le front diplomatique avec son prédécesseur, Joseph Kabila ? Quel que soit le bout par lequel on va le prendre, et même si, à l’heure actuelle, il a le soutien des partenaires traditionnels de la RDC, le président de la République se trouve présentement devant une responsabilité historique dans sa vie politique devant l’opinion nationale et internationale. C’est l’heure de grandes décisions, allant dans le sens d’un changement radical de la gouvernance de la RDC.
La mise en place de l’Union sacrée de la nation, initiative du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, en vue de la refondation de l’action gouvernementale autour des principes de participation à la gestion du pays est irréversible. Sans désemparer, Félix Tshisekedi s’en tient ainsi à son objectif, celui de sortir la République démocratique du Congo de la crise multiforme dans laquelle elle patauge depuis près de deux ans après l’alternance politique au sommet de l’État.
Au même moment que les consultations présidentielles ont été lancées, la bataille Kabila-Tshisekedi s’était vite transposée sur le front diplomatique. Chaque camp, par émissaires interposés, a tenté de faire passer sa voix au niveau de certains pays influents, instances continentales et mondiales. Certains émissaires occidentaux en séjour en RDC n’ont pas manqué de rencontrer toutes les personnalités supposées être au centre de la crise.
Consultations présidentielles bouclées, le schéma Tshisekedi semble requérir le consentement de plusieurs capitales et chancelleries africaines et occidentales. Un appui majeur pour l’actuel locataire du Palais de la nation qui, fort de son assise populaire et du désormais soutien exprimé de l’armée nationale, est en passe d’inverser le rapport des forces au sein de la coalition dans laquelle il a été entraîné par son puissant et encombrant partenaire, le FCC, qui contrôle le Parlement, les Assemblées et gouvernements provinciaux.
Le ballet diplomatique observé au Palais de la nation avant la clôture des consultations présidentielles n’a pas été anodin. Tout s’explique notamment avec la clôture des consultations qui a été repoussée d’une journée afin d’accorder la chance aux retardataires, spécialement le FCC, pour s’inscrire dans la nouvelle logique. Et finalement, la nouvelle dynamique des mesures relatives à un changement radical a pris corps en interne tout comme à l’extérieur du pays.
Le soutien américain étant déjà inconditionnel, l’échange téléphonique du mercredi entre Félix Tshisekedi et son homologue français, Emmanuel Macron, conforte le pouvoir de Kinshasa. Même si les deux chefs d’État ont tablé sur la crise liée à la pandémie de Covid-19, ou à la prochaine présidence de la RDC de l’Union africaine, l’on croit savoir que Paris a manifesté toute sa satisfaction concernant le développement de la situation politique en RDC et a exprimé son soutien en faveur d’un Congo démocratique et prospère.
Fort de cet appui, l’heure pour le président de la République est aux grandes décisions. Félix Tshisekedi, qui a donné tous les gages de son autorité, devra finalement opter pour la distanciation du pouvoir de son prédécesseur. Il y est presque devant ses partenaires visiblement épuisés et ne disposant presque plus de tours dans leur manche.
En effet, les élucubrations multipliées ci et là de la plate-forme chère à Joseph Kabila traduisent, sans doute, un semblant de sérénité. L’évidence, c’est que les uns et les autres se sont rendus compte du dribble déroutant de celui qu’il prenait encore jusque-là pour un néophyte en politique. Félix Tshisekedi vient de démontrer le contraire, en s’offrant le caviar pour changer le tournant de son quinquennat.
Dans l’entourage du chef de l’État, on ne s’en voile pas la face. Ça se chuchote déjà : même si personne ne sait prédire le contenu et la forme que prendra la nouvelle configuration politique du pays, la certitude c’est qu’il y aura des décisions dans le sens d’un changement radical de la gouvernance de la RDC.
À l’image d’un lutrin avec micro dessus, plantant le décor d’un message imminent, le regard de toute la nation est tourné vers la cité de l’Union africaine pour voir l’apparition du personnage-clé de la scène, l’auteur du message et qui sera lui-même le lecteur devant son peuple !
Le Potentiel/Acturdc.com