“Je propose au président Félix Tshisekedi de convoquer les deux Chambres en congrès, car il est temps que l’état de siège bascule à l’état de guerre dans l’est de la République longtemps pris en otage”, a suggéré jeudi un professeur d’université de Kinshasa. Il propose d’extraire des institutions de la République, de l’ANR et des FARDC, toutes les personnalités de nationalité rwandaise.L’idée de la guerre n’est pas partagée par la juriste Jessica Tshibwabwa face à la situation très tendue entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. “Je vois plusieurs Congolais demander au chef de l’État de déclarer ouvertement la guerre contre le Rwanda après ce tir contre notre avion de chasse. En tout cas, ce sera mérité. Je pense que le président lui-même est tenté par cette idée de guerre. Mais, il faut que les choses soient claires. En cas de guerre, il faut oublier les élections de 2023”, a-t-elle analysé. Les deux phénomènes sont très coûteux et la priorité restera la guerre lancée. “Il ne faut pas que les opposants congolais souvent heureux d’inconforter le pouvoir trouvent l’occasion de fléchir le régime et le pays en exigeant les élections en pleine guerre”, a-t-elle prévenu.
Par ailleurs, l’autre priorité, c’est de nous rassurer de nos alliés, car le Rwanda a les siens de longue date, ses partenaires des crimes. En vrai, le Rwanda est conscient que seul, il ne fait pas le poids devant la RDC, mais il sait là où il se tient, sur qui il compte. Le Rwanda est en train de combattre la RDC, il est en guerre contre la RDC. Le Congo de Félix Tshisekedi a deux avantages sur le Rwanda. Sur le plan renseignements, il est en train de déboulonner les infiltrés au sein de l’armée et des services de renseignements. Les têtes des réseaux rwandais sont en train de tomber. Sur le plan économique, les sociétés étrangères installées au Rwanda pour raffiner l’or et le coltan pillés en RDC commencent à faire des affaires avec le gouvernement congolais. C’est le cas du Qatar qui a commencé à acheter l’or propre directement à Kinshasa. “Il faut déjà penser à l’après-Kagame”, conseille un professeur d’université. Le Congo est démocratique et le Rwanda est une dictature.
L’ingratitude rwandaise envers la RDC
Inimaginable que le Rwanda attaque la République démocratique du Congo, s’exclame le poète et journaliste Magloire Paluku Kahunga. L’histoire retient, pourtant, que le Rwanda doit sa survie politique et même géostratégique, aux épisodes de l’État indépendant du Congo, du Congo-Belge, du Zaïre et de la République démocratique du Congo, rappelle-t-il. Magloire Paluku invite le peuple congolais au souvenir : “Retenons que, le 06 mai 1916, ce sont les « ASKARI » soldats de la force publique qui libèrent le Rwanda de l’emprise allemande. Le protectorat allemand devint la colonie Belge”. Les tombes de ces héros congolais étaient, il y a peu, au nord de Goma, dans le territoire de Nyiragongo. Dans les années 50-60, les réfugiés rwandais aujourd’hui, nombreux au pouvoir à Kigali, sont passés sur le dos de leurs parents, par le Congo pour aller en refuge en Ouganda et ailleurs dans le monde, renseigne-t-il. “Ils sont rentrés au Rwanda après avoir été Congolais pendant plus de quarante ans. Nous n’avons jamais cessé de les aimer”, apostrophe le journaliste dans un pamphlet interpellateur.
L’ingratitude rwandaise envers la République démocratique du Congo où l’on a tout eu, tout glané, tout gagné est le pire des vilains péchés, écrit l’essayiste. “La politique rwandaise de Paul Kagame détruit les meilleurs souvenirs que nous avons construits pendant un demi-siècle. Nous nous sommes mariés, nous avons eu des enfants métissés, nous nous sommes dit amis et frères…Il faudra des dizaines d’années, encore, pour corriger cette défectuosité morale”, a-t-il conclu./ouragan.cd