Ça sent la guerre au Nord-Kivu. FARDC et M23 se surveillent pendant que le gouvernement congolais vient d’opérer un réaménagement stratégique dans son système de commandement opérationnel en installant un nouveau gouverneur militaire à Goma. La société civile du territoire de Masisi avait déjà sonné l’alerte de la guerre. Les populations des territoires occupés et non occupés ne savent absolument quoi faire face à l’imminence d’une guerre aux tournures internationales.
Kinshasa a déjà prévenu. Une offensive chirurgicale est à redouter des deux côtés de la ligne de front. Si les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) sont sur le pied de guerre, les rebelles du M23, quant à eux, tentent difficilement de rassurer la population sous leur contrôle de leur capacité de résister militairement à toute offensive gouvernementale. Des petites vidéos improvisées par les rebelles attestent clairement la panique qui a envahi toutes les entités sous influence terroriste. Le visage de Willy Ngoma, chantre de la rébellion, traduit désormais un état d’inquiétude. La guerre est aux portes du M23.
Le nouveau gouverneur investi par Tshisekedi est un stratège qui sait manier la communication de la guerre. Peter Cirimwami a d’abord rassuré sur la respectabilité du cessez-le-feu avant de convoquer la notabilité du Nord-Kivu pour discuter de la guerre et de ses conséquences. Une sorte d’avertissement qu’une guerre inévitable est devant eux et qu’il faudra se tenir préparé. Un climat qui intervient au moment où des milliers de personnes déplacées végètent toujours dans les périphéries de Goma, sans assistance adéquate.
– Kigali en état d’alerte –
L’odeur de la guerre est ressentie au-delà de nos frontières nationales jusqu’en République rwandaise. Terre de création, de repli et de reconditionnement habituel du M23, le Rwanda prend très au sérieux les exercices militaires en vogue en terre congolaise. Plusieurs positions des forces rwandaises en RDC auraient connu des remue-ménages par crainte d’une offensive redoutable de la part de la République démocratique du Congo. Mercredi, Paul Kagame a opéré un léger, mais significatif réaménagement de son équipe gouvernementale en élevant le général James Kabarebe à la fonction de ministre d’État en charge de la Coopération régionale. Le faiseur des guerres de l’Afdl, du Rcd, du Cndp et du M23 devrait personnellement se charger du suivi officiel de son entreprise de déstabilisation de l’Est congolais.
Au titre de ministre de la Coopération régionale, il devra traiter avec Antipas Mbusa Nyamwisi, son homologue congolais. Ce qui laisse entrevoir que Félix Tshisekedi a réussi à tirer le pyromane de ses déguisements pour le placer finalement face à ses responsabilités. James Kabarebe est longtemps demeuré le principal recruteur des fauteurs de troubles aussi bien en République démocratique du Congo, au Rwanda qu’en Ouganda pour défaire la stabilité de la région.
– L’alerte depuis le Masisi –
À travers un communiqué rendu public le week-end dernier, Télesphore Mithondeke, rapporteur général de la coordination territoriale de la société civile forces vives de Masisi, faisait état de l’irruption de nouvelles vagues des terroristes du M23 dans son territoire via Rutshuru voisin en passant par le couloir de la localité de Bwiza depuis environ une semaine. “Plusieurs hommes du M23 portant des bagages dont certains viendraient de différentes formations accélérées en catimini dans le territoire de Rutshuru seraient actuellement déversés nuitamment à Masisi à partir de la chefferie de Bashali pour renforcer les leurs disséminés dans plusieurs entités et préparer ainsi de grands assauts contre les positions de divers groupes d’autodéfense actifs dans la zone et contre les FARDC”, a-t-il indiqué.
Dans la foulée, Mithondeke rappelle que de violents affrontements avaient opposé mardi 19 septembre dernier les terroristes du M23 aux éléments d’autodéfense sur l’axe Busumba et environs dans la chefferie de Bashali. Combats qui ont duré toute la journée et provoqué plusieurs dégâts collatéraux. Conséquence, on assiste au déplacement massif et forcé des populations innocentes et le pillage des biens privés. “La situation y reste incertaine, car les deux camps se regardent en face après la résistance des éléments des groupes locaux d’autodéfense”, poursuit-il. Les nouvelles vagues de terroristes prendraient plusieurs directions dans le territoire de Masisi dont les axes Busumba, Kibarizo, Burungu, Kilolirwe, Karenga.
La société civile locale recommande au gouvernement congolais à travers ses services spécialisés de prendre en charge les informations leur communiquées pour contenir l’ennemi et le mettre hors du territoire congolais. “À toute la population congolaise, de rester en vigilance tous azimuts, de dénoncer et d’alerter tous les mouvements suspects et de ne céder à aucune manipulation de quelque nature que ce soit”, conclut le communiqué signé à Masisi, le mercredi 20 septembre 2023.
– Déjà des provocations sur le terrain des opérations –
Nonobstant le respect du cessez-le-feu par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) comme l’exige les différents accords des chefs d’État de la Communauté des États d’Afrique de l’Est, les terroristes du M23 appuyés par l’armée rwandaise, s’évertuent à les saboter. Dans un communiqué publié mercredi à Goma, l’armée congolaise affirme que c’est depuis l’adresse de Félix Tshisekedi à la tribune des Nations unies, à l’occasion de la 78e session de l’Assemblée générale où il a réaffirmé son refus de tout dialogue direct avec les terroristes du M23/RDF, que ces derniers ont réoccupé des localités jadis abandonnées dans le cadre du cessez-le-feu. “Il s’agit en l’occurrence des collines de Kibarizo, Kabalekasha, Kirumbu Bukombo, Rugogwe, Busumba et Burungu dans le territoire de Masisi, la colline de Ruhunda à Kibumba dans le territoire de Nyiragongo”, a déclaré le lieutenant-colonel Ndjike Kaiko Guillaume.
Le mercredi 27 septembre 2023 dans la matinée, les éléments du M23 ont tenté de réoccuper Kanyamahoro dans Kibumba allant jusqu’à placer le contingent kényan de l’EAC derrière leurs lignes. “Il a fallu la pression des FARDC et la dissuasion de la Force régionale de l’EAC pour que ces derniers se retirent”, souligne le porte-parole des FARDC. Acte considéré comme une énième provocation.
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