L’armée congolaise annonce la mort du célèbre chef ADF Meddie Nkalubo connu dans les milieux rebelles sous le nom de « Punisher ». Les FARDC le présente comme un élément important qui jouait l’intermédiaire entre le groupe État islamique et les rebelles ougandais d’Allied Democratic Forces( ADF), auteurs des milliers de morts des civils à Beni, Irumu et Mambasa depuis près de neuf ans.
Selon le porte-parole des opérations Sokola 1, ce chef ADF a été abattu lors des raids aériens qui ont visé quatre positions des assaillants la nuit du samedi au dimanche 17 septembre à l’Est de la route nationale numéro quatre (RN4), non loin du village de Ntoroko, frontalier avec l’Ouganda.
Dans un message à sa population, le président ougandais Yoweri Museveni a aussi confirmé la mort de ce chef ADF Ougandais qui constituait une menace également pour son pays. Il était reproché d’avoir mené des attentats en novembre 2021 dans la capitale ougandaise, qui avaient fait quatre morts et 37 blessés dont 27 policiers.
Selon les renseignements militaires ougandais, Meddie Nkalubo a été tué aux côtés des nombreux combattants ADF dont le nombre n’a pas été révélé à la presse. « Ces cibles avaient été localisées par des moyens de nos régiments de fonctions spéciales (SDR) qui disposent de bons moyens de reconnaissance », déclare le président ougandais Yoweri Museveni dans une lettre adressée à sa population.
Meddie Nkalubo n’était pas seulement un relais essentiel de diffusion de propagande et de vidéos d’instruction du groupe état islamique dans les réseaux, il est surtout présenté par les experts de l’ONU en RDC comme étant l’opérateur du drone utilisé par les combattants ADF lors des différentes attaques menées à Beni et Irumu, ainsi qu’un important fabricant de bombes artisanales qui font des victimes dans cette partie.
Pour l’armée, sa mort constitue « un succès et un grand pas vers la victoire des FARDC sur les ADF, car il était très influent sur le plan opérationnel avec l’état islamique et il était aussi un stratège des rebelles ADF », indique à ACTUALITÉ.CD, le capitaine Anthony Mualushayi, porte-parole militaire à Beni.
Stratège et propagandiste ADF
Ces dernières années, Meddie Nkalubo a été présenté comme un élément important des ADF en trois occasions. Notamment en 2021 lorsqu’il est cité par les services ougandais comme coordinateur des attentats de Kampala. Ensuite en février 2022 lorsqu’un groupe d’experts onusiens chargés d’enquêter sur l’Etat islamique le présente comme le chargé de communication et propagande des ADF. Dans leur rapport, les experts soulignent que Meddie Nkalubo est chargé de filmer et monter des vidéos de propagande terroriste. Puis en décembre dernier, alors que son nom apparaît sur la liste de huit personnes sanctionnées par le conseil de l’Union européenne qui les accuse d’entretenir ou soutenir le conflit armé, l’instabilité ou l’insécurité en RDC.
A en croire le conseil de l’Union européenne, l’Ougandais Meddie Nkalubo est « l’un des principaux chefs rebelles ADF qui a été impliqué dans diverses activités rebelles, notamment le recrutement, la fabrication d’armes et le relai avec le groupe État islamique ».
La mort de ce chef ADF arrive après celle de Fezza Mulalo alias Seguja , troisième personnalité de ce mouvement, chargé des opérations tué en février dernier dans la vallée de Mwalika, en secteur de Ruwenzori.
Ces deux combattants ne sont pas les premiers leaders du mouvement d’être donnés pour mort. D’autres leaders du mouvement ont également été donnés pour morts. C’est le cas de Kayiira Mohamed, tué en février 2018 dans la vallée de Mapobu lors des affrontements avec les FARDC. Deux ans plus tôt, Rashid Hood Lukwago, commandant général des ADF, avait été tué en 2016 au cours d’une opération de l’armée congolaise à Kimbau dans le territoire de Beni. Cela, une année seulement après la mort d’un autre chef ADF Kasada Karume, tué en avril 2015 lors d’une attaque d’un camp rebelle à une centaine de kilomètres de Beni, mais aussi Richard Mugisha, donné pour mort sans confirmation, moins encore un détail.
Pour l’instant, ces captures et neutralisations des chefs ADF annoncées ce dernier temps ne permettent pas de présenter le mouvement comme étant affaibli car à la disparition d’un leader, la rébellion toute aussi discrète se réorganise et résiste.
Replié sur le territoire congolais en 1995, l’ADF allonge la liste des groupes rebelles écumant l’Est du Congo. La rébellion est active à Beni ainsi qu’à Mambasa et Irumu ( Ituri), où ses militants continuent à commettre des meurtres, enlèvements, incendies des maisons, pillages et enrôlement d’enfants soldats.
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