Lorsque les médias alertaient, en août dernier, juste après la publication de la composition du gouvernement que le statut de Willy Bakonga à la fois ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique (EPST) et promoteur des écoles privées, dégageait un réel conflit d’intérêts, mieux le mettait en position de juge et partie, certains esprits non éclairés ont pensé à une campagne de diabolisation de mauvaise foi. Ce qui n’était pas le cas parce que les faits le démontrent maintenant.
Outre les chambardements à la Direction du Fonds de Promotion National de l’Education (FPNE) et à l’Educ-TV, il vient d’en opérer d’autres en cascade qui inquiètent et présagent la déstabilisation de l’enseignement mais surtout de l’Examen d‘Etat.
Tenez, en date du 30 décembre dernier, Willy Bakonga a pris trois arrêtés nommant deux nouveaux Directeurs Provinciaux de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique (PROVED) sur 4, trois nouveaux Inspecteurs Principaux Provinciaux (IPP) sur 4 et quatre Inspecteurs Principaux Provinciaux Adjoints (IPPAES) sur 4 que compte la ville-province de Kinshasa dans ses différents districts (Lukunga, Mont-Amba, Tshangu et Funa).
Ce qui étonne premièrement, c’est que ces arrêtés sont pris quand Willy Bakonga est en congé gouvernemental leur accordé par le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, soit du 28 décembre 2019 au 8 janvier 2020.
Deuxièmement, si pour les PROVED, il y a moins d’inquiétudes, il y en a cependant beaucoup pour les IPP et les IPPAES qui sont pour certains relevés de leurs fonctions, apprend Scooprdc.net, par règlement des comptes. Ce qui inquiète le plus c’est le moment choisi pour exclure les gens qui ont le regard direct sur l’Examen d’Etat. Selon une source de Scooprdc.net, dans son chambardement, il viserait aussi l’Inspecteur Principal Général (IPG)), Michel Djamba, en vue de concrétiser son plan de ‘’bangalisation’’ du sommet de l’enseignement (ministre mungala, SG mungala et IPG mungala).
En effet, d’octobre jusque fin décembre, se déroulait l’examen des dossiers des élèves finalistes du secondaire. Et c’est pendant ce temps que le ministre d’Etat Willy Bakonga choisit pour relever de leurs fonctions ceux qui maîtrisent bien ces dossiers pour les remplacer par les novices. Non sans raison, parmi ses promus comme IPP, il y a des Inspecteurs itinérants. Or, ces derniers pour devenir IPP, ils doivent normalement suivre l’échelonnement des grades qui veut qu’ils deviennent d’abord des Inspecteurs de Pool, puis IPPA. Willy Bakonga les a fait enjamber deux étapes.
Ce qui fait dire à certains inspecteurs que les choix de Bakonga n’ont pas reposé sur la méritocratie, mais plutôt sur le principe du plus offrant. On l’accuse d’avoir créé un cabinet parallèle dirigé par son suppléant à l’Assemblée nationale pour gérer ses intérêts. Lesquels ? Mais, selon certains cadres éducatifs qui se sont confiés à Scooprc.net, ce cabinet occulte les aurait contactés pour les sensibiliser à soudoyer le ministre en vue de garder leurs postes. « Nous sommes venus au ministère pour notre intérêt. Nous n’avons pas besoin d’expérience ni d’expertise, c’est le plus offrant qui a le poste », aurait déclaré son suppléant, chef de son cabinet occulte.
Cette déclaration corrobore les propos personnels de Willy Bakonga tenus récemment lors de l’Assemblée générale des écoles privées à Kinshasa : « Je suis issu des écoles privées, je n’abandonnerai pas les écoles privées ».
Willy Bakonga se serait-il inscrit dans le schéma d’un sabotage de l’enseignement après sa tentative de faire échec à la gratuité de l’enseignement dont il avait été accusé au début de l’année scolaire ? Possible. Sinon, personne ne comprendrait qu’il veuille poser de grandes actions avec des personnes qui tirent les choses vers le bas.
Motivant ses arrêtés de nomination des IPP et IPPAES, Willy Bakonga mentionne « vu les dossiers administratifs des intéressés… sur proposition du Secrétaire général à l’EPST… ». Or, les IPP et IPPAES ne sont pas évalués ni gérés au quotidien par le SG mais plutôt par l’IPG que le ministre n’a pas malheureusement ni consulté, ni informé de sa mise en place des IPP et IPPAES, selon les proches de l’IPG contacté par le média en ligne. « Il n’y a aucun dossier administratif vu par lui, il n’y a pas non plus nécessité et urgence de cette mise en place en ce moment crucial de la gestion de l’Exétat édition 2020 si ce n’est que l’urgence de servir ses propres intérêts », a réagi un chevronné cadre éducatif dégoûté de la gestion du secteur éducatif avant d’ajouter : « Maker a laissé le niveau éducationnel à 70%, Musemene l’a rabaissé à 40. Avec Bakonga, nous sommes à 10% ».
Réputé toutes les années ‘’maître des laboratoires 100% Exétat’’, les contrôles des dossiers par les inspecteurs ne se sont jamais effectués en bonne et due forme dans ses écoles. Cette année, confie-t-on à Scooprdc.net, son école de Bandalungwa a piqué 9 élèves finalistes de l’école Révérend Kim qu’elle a inscrits sans dossier et dont certains avaient échoué en 5ième année. Maintenant que Willy Bakonga est officiellement patron du secteur éducatif, quand sera-t-il de l’examen d’Etat cette année ? On doute bien que le laboratoire soit organisé au salon du promoteur qui a toujours dit aux élèves de ses écoles : « donnez-moi mon argent, je vous donne le diplôme ».
Il revient au premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunga d’exiger vite la surséance de ces arrêtés qui n’ont aucune urgence. Si mise en place est envisageable, qu’elle se fasse après passation de l’Exétat édition 2020.
Au président de la république qui a fait de l’éducation son cheval de bataille d’ouvrir l’œil et le bon. Un sabotage de l’enseignement s’organise après la tentative de faire échouer la gratuité de l’enseignement de base. Qu’il sollicite auprès du Front Commun pour le Congo (FCC), d’où émane Willy Bakonga, sa permutation. Lui qui est plus commerçant qu’éducationnel, sera toujours juge et partie face à ses intérêts. En vrai lanceur d’alerte, Scooprdc.net ne s’acharne nullement sur le ministre qui a bien d’autres compétences avérées.
Agnelo Agnade/acturdc.com