Aujourd’hui à Sake, on compte plus de quatre groupes armés bien identifiés, dont le principal est le M23 qui fait peser une menace sur toute la région.
Face à eux, l’armée congolaise s’est déployée dans la cité. Mais la plus grande menace sur les populations civiles demeure les jeunes qui disent appartenir aux milices d’autodéfense, appelés communément Wazalendo.
« Les Wazalendo qui sont ici à Sake nous insécurisent beaucoup. Parce qu’ici à Sake, c’est presque tous les jeunes qui s’appellent Wazalendo. Même les enfants de 17 voire 16 ans, savent déjà manipuler les armes. On dit toujours qu’après la guerre c’est la paix, mais je pense que ça ne sera pas le cas chez-nous à cause de ces Wazalendo. Que les autorités trouvent le moyen d’amener ces jeunes dans des centres de formation pour qu’ils intègrent officiellement les FARDC (l’armée congolaise, ndlr) », a expliqué Ruth Mirasano, une jeune femme de Sake.
Cette jeune femme n’ose ainsi plus se promener seule dans la ville par peur d’être agressée par ces hommes armés, qu’il s’agisse de soldats de l’armée nationale ou de miliciens.
« Nous croisons souvent des militaires qui nous veulent pour des aventures sexuelles et qui menacent de nous tuer lorsque nous refusons leurs demandes. Nous ne pouvons plus refuser par peur d’y laisser la vie. Nous ne savons plus quoi faire », a exprimé Ruth Mirasano.
Des hommes armés très présents
Presque tous les Wazalendo qui déambulent dans la cité sont des jeunes garçons. Le parlement des jeunes du groupement de Kamuronza critique ainsi le manque d’encadrement de la jeunesse par le gouvernement congolais.
« Nous avons vu que l’insécurité est provoquée la plupart du temps par des jeunes en manque d’emploi. Parce que quand on est au chômage, on se livre souvent à des actes criminels, de vandalisme et autres. Mais une fois ces jeunes occupés de manière à ce qu’ils aient un petit revenu, nous pensons que l’insécurité pourrait cesser », a demandé Jacques Kambere qui est le président du parlement des jeunes de Kamuronza.
La société civile du groupement Kamuronza, en territoire de Masisi, demande quant à elle au gouvernement de renforcer le contrôle des militaires présents à Sake.
« Ce que nous pouvons demander aux services de sécurité et à l’autorité, c’est de chercher à mettre tous les militaires en position et de contrôler leurs mouvements. Nous avons peur lorsque nous les observons en grand nombre dans la cité car nous sommes en train d’enregistrer des cas d’assassinat, de meurtre et de vol », a déploré Jean-Marie Mumbiri, acteur de la société civile du groupement Kamuronza.
La police sollicite la collaboration de la population
Au commissariat de Kamuronza, la police, consciente du danger que représente la présence de nombreux militaires dans la ville de Sake, en particulier depuis les derniers affrontements entre l’armée congolaise et le M23 en mars dernier, réclame la collaboration de la population civile pour dénoncer les délits qui seraient commis par des hommes en armes.
« Tant que nous serons là, les problèmes ne vont peut-être pas disparaître mais nous pouvons les réduire. Cela sera possible grâce aux différentes dénonciations, sans lesquelles nous ne pouvons pas savoir où est-ce qu’on a besoin de notre aide », a expliqué Gracien Bonane, commandant de la police de Sake.
En plus de l’armée congolaise, les FARDC, et des forces onusiennes présentes à Sake, la ville compte aussi des soldats des troupes burundaises de la Communauté d’Afrique de l’Est. A ceci s’ajoutent donc les Wazalendo et d’autres milices locales.
Plus anecdotique encore : la présence aussi de militaires turcs venus, selon Kinshasa, pour former les artilleurs congolais qui apprennent à manipuler les nouvelles armes lourdes récemment achetées par la RDC./dw.com