Après un refus catégorique de se présenter devant les députés nationaux pour répondre à la motion de censure contre son gouvernement, Ilunga Ilunkamba s’incline devant la décision de l’Assemblée nationale, tout en réaffirmant les observations qu’il a formulées sur la compétence du bureau d’âge. Dans un court communiqué publié, jeudi 28 janvier, le Premier ministre déchu dit « attendre d’être notifié ». La crise que d’aucuns craignaient n’arrivera certainement pas. Cap vers la formation d’un gouvernement d’Union nationale.
« En tant que républicain, respectueux de la Constitution et des institutions de la République, je me dois de reconnaître la compétence de l’Assemblée nationale à examiner la motion de censure qui m’a été destinée dès lors qu’elle a été signée par 301 députés nationaux.
Étant donné que les députés qui composent l’Assemblée nationale et ont été élus lors des élections générales de 2018 ont majoritairement voté le mercredi 27 janvier 2021 la motion de censure dirigée contre mon gouvernement, j’attends la notification de cette décision pour prendre mes responsabilités conformément à la Constitution ». C’est la quintessence du message du Premier ministre publié hier jeudi 28 janvier, dans un court communiqué.
Par cet acte, le Premier ministre a reconnu « avec sportivité » la compétence de la plénière qui a, par une motion de censure, voté la d’échéance de son gouvernement. Mais Sylvestre Ilunga Ilunkamba dit « attendre d’être notifié ».
Mais pourquoi avoir attendu trop longtemps alors qu’il (Ilunkamba) avait toute la latitude de remettre sa démission au chef de l’État et sortir ainsi par la grande porte ?
Ayant tout compris, le chef de l’État n’a pas voulu se faire prendre dans ce piège que lui avait bien tendu ses « anciens » partenaires du FCC, qui tenaient à faire persister la crise entre le gouvernement et le Parlement afin que le président de la République dissolve ce dernier, selon les prescrits de la Constitution.
Le piège de la dissolution désamorcé
Or, tout calcul politicien mis de côté, Félix Tshisekedi n’a pas, à l’instant, les moyens de sa politique pour s’hasarder à dissoudre le Parlement et organiser les élections dans les trois mois qui suivent. D’abord, il faudrait se dire que toutes les réformes attendues n’auront pas lieu, faute de moyens matériels et financiers. Que ce soit la réforme de la Céni tant réclamée depuis le feuilleton de la tentative du FCC de remplacer Corneille Nangaa par Ronsard Malonda, moins encore celle de la loi électorale, rien n’est sûr que tout cela soit organisé dans le délai, en cas de dissolution du Parlement et vu le temps qui nous sépare des échéances de 2023.
C’est clair et on ne devrait pas se leurrer outre mesure : pas de financement qu’il faut pour mener de telles réformes, mais également faute de temps nécessaire, pas possible de réorganiser les législatives en 3 mois comme l’exige la loi.
Mais dans ce schéma, il y a bien plus que les moyens et le temps. En effet, face à cette incertitude et la peur du lendemain après une dissolution inattendue du Parlement, c’est encore Joseph Kabila qui risquait de rebondir avec son argent sous prétexte de « sauver la situation ». Comme « la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit », enseigne la sagesse africaine, c’est lui qui sera, comme il en a été durant les deux années de la coalition FCC-CACH, le « vrai détenteur du pouvoir » que le chef de l’État devra consulter à tout moment avant de prendre n’importe quelle décision. C’aurait été une malencontreuse marche à reculons pour la nation !
Maintenant que le Premier ministre est revenu au bon sentiment, en s’inclinant devant la décision des députés, le président de la République a les mains libres pour former son gouvernement d’Union, avec une écrasante majorité acquise à sa cause. Au lieu d’envisager une dissolution du Parlement – option éminemment périlleuse et onéreuse pour la nation – il vaudra bien nommer un formateur de gouvernement. Ce qui coupera court à ce « bras de fer artificiel » que le FCC veut engager afin de pousser Tshisekedi à la faute.
Ce gouvernement qui devra donc être un exécutif de large union nationale, rassembleur de toutes les forces vives de la nation et qui prenne en compte la donne géopolitique, de sorte qu’aucune partie de la République ne se sente frustrée, sous quelque prétexte que ce soit.
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