Dossier Bukanga Lonzo : Matata ce mardi au parquet face aux inspecteurs de l’IGF

L’ex-PM, Augustin Matata Ponyo s’est finalement plié. Lui qui, quelques jours avant, avait juré, pour irrégularité, de ne pas répondre à la convocation du parquet sur le dossier Bukanga Lonzo. Finalement, il a accepté la confrontation au parquet avec les inspecteurs de l’IGF.

Ses avocats rejettent, pourtant, la thèse de l’audition de leur client sur le dossier Bukanga Lonzo mais la réalité est là. Leur ligne de défense purement communicationnelle ne change pas d’un iota l’évidence des faits. D’autres sources judiciaires confirment que le sénateur élu du Maniema a finalement accepté de coopérer avec la justice. En contrepartie, « l’homme à la cravate rouge » sera libre de tout mouvement jusqu’à l’ouverture du procès s’il en y aura.

Le premier jour, c’est-à-dire ce lundi 09 août 2021, l’ancien chef du gouvernement qui s’est présenté à temps, s’est excusé par la suite autour de 10h00, arguant qu’il ne se sentait pas bien. En plus, explique-t-il, intellectuellement, il n’était pas au point pour affronter cet exercice.

Pour sa bonne foi, le PG près la Cour constitutionnelle a accepté sa requête et l’a libéré en attendant la confrontation de ce mardi avec les inspecteurs de l’IGF. Mais une source proche du dossier confirme que l’ex-PM a été réellement auditionné avant de retourner en homme libre chez lui.

La vraie bataille, Matata chargé par deux ex-membres de son ancienne équipe

Le combat des gladiateurs commence. Il va nous offrir une autre séquence de pièce contre pièce. Après l’épisode Kamerhe, voici le feuilleton Matata. Il doit prouver son innocence. Le sénateur a toujours nié d’être à la base du fiasco du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, renvoyant la responsabilité aux anciens ministres sectoriels de son ex-gouvernement. Pourtant, les deux ex-ministres cités dans cette affaire le chargent terriblement. Ils rappellent que Matata exerçait des pressions sur eux pour que les documents soient signés. Il s’agit de Louise Munga, ancienne ministre du Portefeuille et Jean-Chrysostome Vahamwiti, ancien ministre de l’Agriculture.

Les deux pointent Matata comme étant l’auteur de la débâcle de Bukanga Lonzo. Lui qui contrôlait tout et qui dictait la marche à suivre.

Depuis deux mois, l’ex-ministre de l’Agriculture avait pris position contre Augustin Matata Ponyo qui fut son Premier ministre. Jean-Chrysostome Vahamwiti a mis sur la place publique des documents censés démontrer que le choix d’Africom pour piloter ce projet était bien celui du chef du gouvernement de l’époque. « Au nom de Dieu, je veux que la vérité éclate sur cette affaire », tempêtait-il sur RFI. M. Vahamwiti, ministre de l’Agriculture dans le premier gouvernement dirigé par Augustin Matata Ponyo, affirme que le 10 février 2014, le cabinet de son ancien chef lui a adressé une correspondance urgente. La lettre informait le ministre de l’Agriculture de la proposition de la société sud-africaine Africom d’assister le gouvernement dans la gestion du parc agro-industriel. Joint à ce courrier, un projet de contrat confectionné par les services de la primature, révèle l’ex-ministre. En effet, après son ancien ministre de l’Agriculture, Jean-Claude Vahamwiti, est venu le tour de l’ancienne ministre du Portefeuille, Louise Munga qui a visiblement laché l’ancien Premier ministre, le chargeant en plus.

Selon les sources de l’enquête, Louise Munga a nié toute responsabilité dans la signature du contrat avec la société sudaf Africom. Et preuves à l’appui, Mme Munga indique qu’elle avait reçu l’ordre de signer, dans les 12 heures qui suivent, ce contrat avec une entreprise qu’elle ne connaissait ni d’Adam, ni d’Eve.

Ainsi, l’ancienne patronne du Portefeuille accuse, par contre, le donneur d’ordre, Augustin Matata Ponyo. Sa déposition s’ajoute à celle de Vahamwiti et établit clairement, selon beaucoup d’observateurs, que l’ancien PM était le seul chef d’orchestre de Bukanga Lonzo et de sa débâcle.

Le sénateur élu du Maniema est donc désigné comme « l’auteur intellectuel » de l’échec de ce projet gigantesque qui avait pourtant suscité espoir auprès de la population.

L’IGF à la recherche de la vérité sur le fiasco de la décennie

Du côté de l’IGF, ces révélations attestent davantage les griefs à charge de l’ancien Premier ministre dans ce scandale d’autant plus que chaque jour qui passe, apporte son lot de révélations.

Dans un rapport accablant publié sur le dossier Bukanga Lonzo, l’Inspection générale des finances avait annoncé que plus de 200 millions de dollars avaient été détournés dans le cadre de ce projet. La justice avait demandé sans obtenir de la Chambre haute du Parlement la levée des immunités du sénateur Matata Ponyo. Comme dans chaque cas, il y a toujours des exceptions, l’Inspection générale des Finances constate aussi une attitude positive de plusieurs autres incriminés.

« L’interpellation de la justice est faite sur l’intime conviction du parquet après recoupement des plusieurs sources d’informations et faits et non pas seulement sur base de son rapport », avait précisé l’organe de contrôle.

Jules Alingete a toujours soutenu que « l’échec de ce projet était déjà planifié dès son élaboration ». Aujourd’hui, la somme allouée à ce projet est partie en fumée, déplore-t-il. Il certifie également une surfacturation de 1 À 10 dans les acquisitions des matériels des travaux.

Au cours d’une de ses sorties médiatiques, M. Alingete avait affirmé que « six personnes sont identifiées comme responsables, dont deux sont couvertes par des immunités parlementaires, un expatrié, un Congolais en fuite à l’étranger et un autre Congolais vivant au pays ». Dans cette rude confrontation, Matata devra batailler dur pour s’en sortir. Sinon, il risque gros.

Ouragan via Acturdc.com

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