Des arriérés de salaires ont-ils été détournés à la CENI ?

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Rien ne va à la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Des morts et des blessés dans des centres d’enrôlement par-ci; des kits et imprimés CENI surpris sur des politiciens pro-pouvoir par-là ; perquisitions des centres d’inscription des électeurs par les militants des partis politiques ; incommunication institutionnelle ; confusion généralisée dans les statistiques des électeurs attendus par zone opérationnelle… Décidément, la CENI Kadima fait fausse route et fonce tout droit dans l’abîme. Mercredi, un message audio alertait sur le détournement des arriérés de salaires des agents électoraux.

Un déluge électoral serait en préparation avancée à la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Par impréparation, déficit de professionnalisme et goût effréné de dictature électorale, la centrale électorale congolaise rassemble tous les ingrédients inflammables pour semer le chaos d’ici à la fin de l’année en cours. L’équipe Kadima ne s’entoure d’aucune précaution pour stabiliser le processus.

Les agissements, les attitudes et le comportement des administrateurs des élections laissent à désirer. Ni écouter, ni corriger moins encore améliorer la qualité du processus semblent être les mots d’ordre. Ce qui importe, selon des sources internes, c’est le rythme des décaissements des budgets à la fois de fonctionnement, d’investissement, des opérations et de rémunération. C’est justement là que “les Romains s’empoignèrent”. Puisque des nouvelles alarmantes relayées par certains médias font état de la libération par le gouvernement Sama Lukonde des fonds destinés à apurer les arriérés de salaires des agents CENI. Une situation qui dure depuis l’époque Nangaa et qui n’avait pu être régularisée en raison de l’opacité de gestion du cycle dernier. Les mêmes maux semblent élire domicile sous Denis Kadima.

Des salaires détournés ?

Un message audio de 59 secondes largement partagé sur les réseaux sociaux met en garde le président de la centrale électorale sur des soupçons très insistants d’un détournement des arriérés de salaires des agents de la CENI par l’équipe Kadima. C’est une voix innocente de tonalité féminine qui entonne la révélation : “Ceci est un message adressé à monsieur Kadima, président de la CENI. Nous tenons à vous prendre à témoin au regard de tous les dégâts que vous ne cessez de causer depuis votre accession à la présidence de la CENI”, introduit-elle.

À travers une voix fine et raffinée, la demoiselle anonyme qui dit porter le message de tous les agents de la CENI, déclare exprimer une grande déception du personnel de la CENI sur le fait que lors de la remise et reprise entre le cabinet Nangaa et celui de Kadima, l’actuel le chef de la centrale électorale avait promis de payer tous les arriérés de salaire des agents ainsi que les indemnités de sortie de tous les employés. “Grande est notre déception de voir qu’à ce jour, l’argent déboursé par le gouvernement, à cet effet, aurait pris une destination inconnue. Nous demandons humblement à monsieur Kadima de s’organiser pour payer cet argent dans un bref délai. Autrement cela l’exposerait à toute forme de violence”, recommande la déléguée porte-parole des agents CENI.

Les promesses de Kadima à son personnel

Lors de la cérémonie de remise et reprise avec son prédécesseur Corneille Nangaa Yobeluo, le président Denis Kadima Kazadi fraîchement investi était très prometteur de l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents électoraux. Le nouveau président de la Commission électorale Denis Kadima s’était précisément engagé à écouter la population pour arriver à des élections inclusives et transparentes. Le samedi 29 octobre 2022 au cours de la solennelle cérémonie de remise et reprise entre le bureau sortant de Corneille Nangaa et le bureau entrant qu’il dirige, Kadima était de toutes les assurances : “la nouvelle équipe de la CENI convoquera une assemblée plénière des membres dès la semaine prochaine centrée essentiellement sur cette matière.

Je voudrais compter sur chacun de vous afin que nous nous appuyions sur les compétences et aptitudes des uns et des autres que nous puissions réaliser ensemble un cycle électoral crédible et inclusif. Il suffit d’une écoute soutenue et permanente de nos populations ainsi d’une bonne intelligence et coordination des efforts de tous pour y arriver”, avait-il promis. Lui et son équipe « s’engageaient à associer toutes les parties prenantes en amont et en aval des activités, de sorte que le processus ne reste pas l’œuvre de la seule CENI, mais qu’il soit un résultat partagé de tous ». Ainsi la déléguée et porte-parole des agents mécontents de la CENI a formulé deux petits conseils à Denis Kadima : “augmentez l’effectif des agents commis à votre sécurité et goûtez vos plats avant de les manger”, comprenne qui pourra. Et d’ajouter, “Mon papa et ses collègues sont très sérieux quand ils me demandent de vous dire ça. Merci”. Une fin de message qui dévoile enfin l’identité de l’oratrice, une fille d’un agent de la centrale électorale.

Une paralysie électorale de mauvais goût

Un homme trouve la mort à Kisangani le mardi 21 février 2023 alors qu’il attendait de se faire enrôler au centre situé à l’école primaire Lilemo. Monsieur Zodus Madaumba, la soixantaine révolue qui était un citoyen de la commune de Kabondo, province de la Tshopo a succombé brusquement sur la file d’attente dans la cour dudit centre d’enrôlement. C’est la première fois en quatre cycles électoraux qu’un candidat à l’identification et enrôlement des électeurs trouve la mort dans un site opérationnel. Même lors des derniers scrutins, on avait déploré des décès qu’à la suite des manifestations publiques. Pas plus tard que mercredi dernier un député a été surpris avec un lot important d’imprimés et un kit d’enrôlement de la CENI.

Ceci a été découvert suite à un accident de sa jeep qui a permis aux habitants du coin de découvrir la marchandise. Les populations présentes sur le lieu du drame et qui ont secouru les victimes ont filmé la scène. Elles parlent de la présence des fiches d’identification et cartes d’électeurs vierges retrouvées dans le véhicule accidenté. Steve Mbikayi, fervent défenseur du régime actuel et de surcroît président du Front Fatshi 2023 depuis septembre 2019, a dénoncé le forfait que son collègue de l’Union sacrée a commis. Le communiqué de la CENI rédigé sous la pression de cette accumulation d’incidents malheureux affirme avoir été saisi sur une présence de ses matériels dans un véhicule accidenté d’un député au Kasaï.

Un texte qui ressemble à une fuite en avant. “En réalité cette situation ne devrait pas nous étonner, quand on sait la manière rocambolesque avec laquelle Denis Kadima est arrivé à la tête de la CENI. L’Église catholique avait dénoncé ça, mais on a préféré regarder ailleurs. Voilà que la vérité commence à éclater petit à petit. C’est triste pour ce pays. Et dire qu’il a fallu un accident pour découvrir tout ça. Il y a vraiment lieu de craindre une mascarade électorale de plus. Décidément, on ne sortira jamais de l’auberge”, a commenté un enseignant de l’Université de Kinshasa.

OURAGAN / Acturdc.com

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