Daniel Mukoko Samba: « Il faut remodeler l’Etat, faire de l’Etat un agent de développement, penser à l’Etat bulamatari qui ne recule pas devant la roche, mais qui taille dans la roche »

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Daniel Mukoko Samba a présenté son nouvel ouvrage samedi 9 octobre à Kinshasa. « Guérir le Congo du mal Zaïrois » publié aux éditions Academia retrace le parcours d’un État né dans la tourmente d’une décolonisation ratée et des tentatives de rupture avec des structures héritées de l’ordre colonial. 

« Dans cet ouvrage, mal zaïrois symbolise l’impuissance de l’action publique. C’est cette incapacité de l’Etat à concevoir des politiques publiques, à les mettre en œuvre et à aller jusqu’au bout. Peut-on juste signaler l’incapacité du pays à organiser un recensement général de la population depuis tout ce temps? Pourtant, c’est une opération routinière.  Depuis 1960, on a pas réussi à concevoir et exécuter un plan de développement jusqu’au bout. C’est cette impuissance de l’action publique qui est définie ici comme le mal zaïrois et dont il faut extirper. Comment? C’est en transformant l’Etat congolais, en faisant de l’Etat congolais un agent de développement capable et efficace », a t-il expliqué à ACTUALITE.CD

Homme politique et professeur d’économie à l’Université de Kinshasa, l’homme a puisé dans l’histoire.

« C’est d’abord la longue recension que je fais. J’ai reconstitué l’histoire de notre pays sur le plan économique et politique depuis 1885. Cela, en montrant comment on s’est constitué comme un État et comme ce territoire s’est retrouvé insérer de force dans l’économie mondiale, comment le pouvoir colonial a organisé l’exploitation des ressources. Et comment au lendemain de l’accession à l’indépendance, navigué entre deux extrêmes: rompre avec l’économie mondiale ou pas?`C’est un récit complet de 1885 à 2016. Nous avons tiré dans ce récit les caractéristiques majeures de ce que nous sommes en tant que système politique depuis le 30 juin 1960, des élites politiques fragmentées, dispersées, difficilement ensemble. Dans ces conditions, il est difficile d’avoir un projet national », a t-il relaté. 

Ancien directeur de cabinet adjoint du Premier ministre Augustin Matata et ancien vice-premier ministre et ministre du budget,  Daniel Mukoko Samba a été au cœur de l’action politique. C’est en homme avisé qu’il pointe ce mal zaïrois.

« Pendant que les élites politiques s’affrontent, s’entendent et se refont la guerre, la population s’accroît d’une manière inexorable. Il s’agit d’une population jeune. Elle va demeurer jeune jusqu’en 2100. Aujourd’hui, les emplois qu’il faut créer pour ces jeunes dans ce pays ne se chiffrent pas en milliers mais en dizaines de millions. Il faut le réaliser entre maintenant et 2030. C’est une courte période. Un tel effort n’est réalisable que si on dote d’un projet national. Que les ministres passent, mais que le pays reste sur les rails d’un projet national ».

Et pour guérir le Congo de ce mal, le plus argent, c’est de retravailler l’Etat: « Il faut remodeler l’Etat, faire de l’Etat un agent de développement, un acteur puissant, penser à l’Etat bulamatari, un État casseur des pierres. Un État qui ne recule pas devant la difficulté, qui ne recule pas devant la roche, mais qui taille dans la roche ». 

actualite.cd

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