Le président de la République, Félix Tshisekedi, s’est une nouvelles fois adressé à la nation ce mardi sur la situation de la pandémie de coronavirus qui touche déjà près de 50 personnes au pays, toutes à Kinshasa.
Félix Tshisekedi a insisté sur l’observation des dernières mesures annoncées le 18 mars dernier, en spécifiant que c’est le seul moyen de prévenir la maladie qui n’a besoin ni de passeport, ni visa ou même de la carte d’électeur pour circuler chez nous… Par ailleurs le chef de l’État annonce l’isolement de la ville de Kinshasa du reste des provinces, suspend tout vol national de ou en direction de Kinshasa. Les frontières de la RDC seront également fermées, ouvertes uniquement à l’entrée des marchandises.
Voici l’intégralité du discours tenu par Félix Tshisekedi ce mardi soir sur la télé publique ;
Congolaises, Congolais, Compatriotes,
Je me suis adressé à vous en date du 18 mars dernier pour vous annoncer les décisions que j’avais prises, après le Conseil des Ministres Extraordinaire que j’avais présidé en date du mardi 17 mars 2020.
Ces décisions relatives aux mesures à adopter face à la pandémie du Coronavirus me semblent, à ce jour, pas suffisamment suivies par la population, alors que nous venons de franchir le cap de 45 personnes déclarées contaminées avec 1 cas de guérison et 3 cas de décès dénombrés. Je voudrais, avant de poursuivre, présenter mes sincères condoléances aux familles éprouvées et leur dire toute ma compassion. J’ai instruit d’ores et déjà le Gouvernement de prendre en charge tous les frais d’obsèques des disparus.
Ces trois cas malheureux viennent de nous rappeler, s’il en était encore besoin, que le Coronavirus est très dangereux et n’a toujours pas trouvé de remède, et que le seul rempart pour tout le monde demeure le strict respect des mesures que je vous ai annoncées le mercredi 18 mars.
Mes Chers Compatriotes,
Je le répète, la situation inédite que nous traversons actuellement va notablement bouleverser nos habitudes et nos modes de vie. Aucune tranche d’âge n’est épargnée. Nous devons tous nous armer d’un solide esprit de résignation et abandonner toutes activités incompatibles avec les mesures et les recommandations du Gouvernement qui ne doivent en aucune occasion se trouver ruinées.
Mes Chers Compatriotes,
Alors que voici 3 semaines, notre pays comptait un seul cas malheureux avéré dans la Ville de Kinshasa, des nouvelles alarmantes nous sont parvenues du Haut Katanga au soir du dimanche 22 mars pour nous annoncer la découverte de cas suspects, provoquant ainsi un affolement général.
Je voudrais informer la Nation toute entière que, après analyse des échantillons des deux cas de Lubumbashi par le laboratoire INRB à Kinshasa, ceux-ci ont été testés négatifs. Il sera procédé à l’analyse du troisième échantillon attendu dans les heures à venir.
Je tiens à encourager la population de la ville de Lubumbashi pour la discipline qu’ils ont observée depuis, ce qui doit être valable pour l’ensemble de notre pays, en respectant les gestes barrière énumérés par le Ministère de la Santé.
Toutefois, au regard de la tendance de la propagation de la pandémie Coronavirus, je ne doute point qu’un émoi effroyable gagne de plus en plus nos populations et qu’il faille, par conséquent, renforcer les mesures prises le 18 mars 2020 tout en intensifiant les campagnes de sensibilisation, non seulement du Gouvernement, mais aussi de la part de chacun de nous, en donnant la bonne information. C’est aussi l’appel à la nécessaire cohésion que j’ai lancé le 18 mars dernier.
Au regard de la gravité de la situation, face à l’urgence et à la crainte que la propagation ne s’accélère et ne devienne plus inquiétante d’autant plus que la plupart des personnes infectées étaient en contact avec des parents et bien d’autres personnes, j’ai décidé de prendre les mesures complémentaires ci-après, qui sont d’application immédiate :
1. Interdiction de tous les voyages de Kinshasa vers les Provinces et des Provinces vers Kinshasa, afin de permettre le confinement de la Ville de Kinshasa, foyer de la pandémie.
Ceci implique :
2. L’interdiction de tous les vols des passagers dans les deux sens Kinshasa – Provinces, à l’exception des avions transportant du fret et dont les équipages seront soumis à un contrôle d’usage strict au départ comme à l’arrivée ;
a. L’interdiction de tous les mouvements migratoires, par les transports en commun, des bus, camions et autres véhicules de l’intérieur vers Kinshasa et de Kinshasa vers l’intérieur. Des barrières doivent être érigées par les Gouverneurs, et les équipages devront se soumettre au contrôle de rigueur en matière du Coronavirus ;
b. L’interdiction des tous les transports fluviaux des passagers de Kinshasa vers les Provinces et vice-versa.
Seuls les bateaux et les embarcations transportant les marchandises avec équipages et convoyeurs seront autorisés ;
3. La fermeture de toutes les frontières du pays aux passagers et à toute personne, sauf pour les camions, navires, avions cargos avec fret ;
4. L’obligation pour le Gouverneur de la Ville Province de Kinshasa d’instruire tous les Bourgmestres de chaque commune de la Ville d’éviter tout attroupement. Et de placer plusieurs points de lavage des mains avec désinfectant ou savon, surtout dans des agglomérations à grandes affluences où le manque d’eau et d’électricité est quasi permanent.
Ici, j’instruis le Gouvernement de trouver les moyens de ravitailler ces quartiers pour assurer l’hygiène. En même temps, il faudra multiplier les points de lavage des mains à l’aéroport International de N’Djili et appuyer les équipes de la RVA et de la DGM pour que nul n’échappe au contrôle d’hygiène ;
5. Mise en place d’un service minimum au sein du gouvernement et des institutions pour palier au confinement à leurs domiciles des autres agents de l’État.
Mes Chers Compatriotes,
Alors que des pays tentent de trouver une solution dans l’utilisation de la Chloroquine pour combattre le Coronavirus, l’usine pharmaceutique PHARMAKINA installée à Bukavu dans le Sud-Kivu a rendu public un communiqué en solidarité, relatif à la possibilité pour elle de produire des comprimés et des injectables de l’hydroxy chloroquine.
Même si tous les scientifiques n’ont pas encore marqué leur unanimité, la Task Force que je préside devra, ensemble avec la Commission de pilotage, réfléchir, sans délai, sur les contours de l’opportunité d’une pareille démarche, susceptible de pouvoir contribuer à endiguer le Coronavirus.
Il est urgent en effet que soit produite une quantité industrielle de la Chloroquine qui semble avoir montré son efficacité jusqu’à ce jour dans certains pays.
Dans le même ordre d’idées, j’instruis le Gouvernement d’étudier le souhait des opérateurs économiques et autres partenaires qui se sont proposés d’inonder le marché de Kinshasa de vivres de première nécessité et de produits pharmaceutiques jusqu’en mai prochain, et d’y réserver une suite favorable avec diligence.
Je lance un appel à la solidarité nationale de tous les opérateurs économiques ainsi que d’autres pays et organismes qui conduira à la mise en place d’un Fonds National de Solidarité Contre le Coronavirus (FNSCC) qui restera ouvert à tous les potentiels bienfaiteurs.
Mes Chers Compatriotes,
Le Coronavirus n’a besoin ni d’un passeport, ni d’un visa, ni d’une carte d’électeur pour circuler chez nous. C’est nous qui circulons avec et qui devons comprendre que nous nous trouvons dans une situation de guerre face à un adversaire invisible, une guerre asymétrique aux conséquences désastreuses que nous pouvons éviter.
Et, dans une période d’épreuves et d’incertitudes comme celle que nous traversons, il est nécessaire que chacun soit appelé à prendre au sérieux cette pandémie et à observer toutes les mesures décidées. Bien obligé, je réquisitionnerai les unités de la Police Nationale Congolaise et celles de nos Forces Armées afin d’organiser des patrouilles mixtes pour faire respecter ces mesures, pour le bien de tous.
J’en appelle une fois de plus à l’union sacrée de la Nation, car c’est ensemble que nous nous en sortirons.
Je tiens à remercier les bureaux des deux Chambres du Parlement qui ont participé à la réunion inter Institutionnelle que j’ai convoquée ce lundi 23 mars 2020 pour leur esprit patriotique et la célérité avec laquelle ils ont examiné positivement les mesures que je viens d’annoncer.
Enfin, devant la gravité et le caractère dangereux que comporte cette situation, je décrète l’état d’urgence, en tenant compte de la situation sécuritaire qui prévaut en ce moment dans notre pays en rapport avec la pandémie à Coronavirus.
Que Dieu protège la République Démocratique du Congo !
Je vous remercie.
Isaac Bampende/acturdc.com