Contagion . La fièvre des coups d’État a-t-elle gagné la République Démocratique du Congo ?

La République Démocratique du Congo (RDC) a-t-elle échappé à un coup d’État s’interroge la Revue de presse de RFI. L’arrestation d’un conseiller du Président Tshisekedi intervient dans le cadre d’une vaste reprise en main de l’appareil sécuritaire par le Président congolais. 

François Beya, conseiller sécurité du président Tshisekedi, a passé sa troisième nuit dans les locaux de l’ANR, l’Agence nationale de renseignements. “Arrêté samedi dernier [5 février], pointe le site d’information congolais Cas-Info, ce dernier est soupçonné d’avoir organisé des réunions visant à déstabiliser le pouvoir de Félix Tshisekedi. Avant-hier, dimanche [6 février], des militants de l’UDPS, le parti au pouvoir, ont manifesté sur le boulevard Lumumba, à Kinshasa, pour dire non à toute tentative de coup d’État. Aucune communication officielle n’a été faite sur ce dossier”, relève encore le site.

Silence radio du côté des autorités

Alors, “Comment en est-on arrivé là ?s’interroge le magazine Enjeux AfricainsDe quoi accuse-t-on le sécurocrate en chef nommé à ce poste en 2019 par le chef de l’État congolais ? Tout commence samedi peu après midi. Les hommes du renseignement militaire débarquent chez François Beya. Manifestement, ils ne sont pas les bienvenus. L’accueil se passe mal, les esprits se tendent. Y a-t-il eu méprise sur l’identité de la personne recherchée ?, s’interroge-t-on alors dans l’entourage de l’homme au crâne rasé que certaines mauvaises langues ont surnommé Fantômas. Ce dernier ne leur oppose aucune résistance. Si on vient le quérir chez lui dans ces conditions, c’est que l’ordre vient sans aucun doute d’en-haut. Sinon, qui oserait pénétrer dans l’enceinte de la résidence du patron du Conseil national de sécurité, le saint des saints de tous les organes de la Présidence ? (…) Que reproche-t-on, donc, au conseiller spécial en matière de sécurité de Félix Tshisekedi, s’interroge encore Enjeux Africains ?

“Silence radio du côté du cabinet présidentiel et encore plus du côté gouvernemental. L’heure est plus grave qu’on ne le dit. Il est surtout question d’une tentative de coup d’État déjouée, apprend-on du côté de l’UDPS, le parti au pouvoir.

“Dékabilisation”

Ce que l’on saitcomplète Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC, c’est que les relations entre François Beya, Félix Tshisekedi et le cercle présidentiel, n’ont jamais été au beau fixe. Arrivé à la présidence après un deal avec son prédécesseur, Joseph Kabila, sans aucun relais dans l’armée, ni dans les milieux sécuritaires, Félix Tshisekedi s’est beaucoup appuyé sur François Beya, fin connaisseur de la machine étatique. Mais “Fantômas” a toujours été perçu comme une taupe de Kabila [Joseph Kabila, Président de la RDC de 2001 à 2019] au cœur du palais de la Nation.”

Ce qui a précipité la chute de François Beya, poursuit Afrikarabia, c’est avant tout la volonté de Félix Tshisekedi de continuer sa lente dékabilisation de l’appareil sécuritaire. Delphin Kahimbi (l’ex-patron du renseignement militaire) mort, Kalev Mutond (l’ex-chef de l’ANR) en fuite, John Numbi (l’ex-patron de la police) en cavale et François Beya en prison, permet au président de placer des hommes plus loyaux à ces postes et de mieux contrôler la sécurité de son propre pouvoir, qui, pour le moment lui échappait.

En tout cas, relève encore Afrikarabia, “la possibilité d’un coup d’État est prise très au sérieux à Kinshasa et dans les milieux diplomatiques. L’arrestation de François Beya, que tout le monde croyait intouchable, a suffi pour envoyer un message fort à tous les putschistes en herbe qui pouvaient avoir l’idée de prendre le pouvoir.”

courrierinternational.com

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