Ce qui s’est passé le vendredi 28 février à Paris, en France, ne cesse d’alimenter les débats. Aussi bien dans la sphère musicale qu’en dehors de ce cercle. Un groupe de Congolais de la diaspora, dits »Combattants », sous la houlette du très bouillant et célèbre Boketshu 1er, a violemment manifesté contre le concert de l’artiste-musicien Fally Ipupa, aux abords de la Gare de Lyon, non loin de l’Accor Hotels Arena, ex-Bercy, la salle mythique de concert.
Boketshu 1er
Les dégâts matériels consécutifs aux violences de la manif – des voitures, des scooters, des poubelles incendiées près de la Gare de Lyon, le tout assorti des dizaines d’interpellations parmi les manifestants – ont poussé l’esprit averti à se poser plusieurs questions qui sous-entendent la principale, celle de savoir s’ils ont atteint la cible.
Les violences, corollaire de la manifestation, ont été telles qu’elles suscitent aujourd’hui bien d’interrogations. Les combattants avaient-ils raison de casser et de brûler pour faire entendre leurs revendications ? Pourquoi se sont-ils opposés au concert de la star de la rumba congolaise?
Sachant que cette manifestation contre le concert de l’artiste congolais est l’arbre qui cache la forêt? Les hommes de Boketshu 1er sont-ils certains d’atteindre le régime congolais qu’ils combattent, en s’attaquant aux simples musiciens, leaders d’opinion soient-ils ?
HALTE A LA CASSE
Tout en reconnaissant aux combattants le droit de manifester consacré par notre Constitution, nous tenons, cependant, à les inviter à plus de sens de patriotisme qui prend soin de la culture congolaise, que les artistes musiciens ont le privilège particulier de véhiculer à travers le monde par la musique. Nous leur savons gré de toujours songer au bien-être de leurs compatriotes restés au pays.
En cassant et en brûlant dans un autre pays, nos frères Congolais, qui ont choisi la France comme leur seconde patrie, ont-ils la mémoire courte ? Oublient-ils si vite les tristes événements des pillages des années 1991 et 1993 et leurs conséquences néfastes sur l’économie de leur première patrie qu’est la RDC? Devoir de mémoire oblige !
Sans doute, ces conséquences sont-elles à la base du départ d’un grand nombre d’entre eux pour des cieux plus cléments que les leurs. Se livrer à des actes de vandalisme en incendiant scooters, voitures, mobilier urbain, ne s’apparente-t-il pas aux pillages ?
Nous ne croyons pas qu’en manifestant violemment contre la production d’un concert musical soit la voie indiquée pour atteindre la cible des « combattants-manifestants ».
En termes plus clairs, il est de notoriété publique que depuis des décennies, les combattants mènent leur lutte contre le régime en place à Kinshasa en s’opposant aux concerts des musiciens congolais en Europe, principalement en terre française. Ils entendent ainsi pousser le régime de Kinshasa à appliquer la bonne gouvernance.
Si hier, en empêchant les Koffi, Werra, J.-B., Wazekua et consorts de jouer en territoire européen, ils s’attaquaient au régime de Kabila, aujourd’hui, Félix Tshisekedi est devenue leur cible. Que reprochent-ils à Fatshi ? Est-ce le fait de s’être coalisé avec ceux qu’ils combattaient il y a peu ?
TEMPERER LA VIOLENCE
Les tristes événements de Paris nous poussent à interpeller les leaders de Lamuka, d’autant plus que les « combattants-manifestants » de Paris qui ne peuvent être pris autrement que des opposants le font actuellement pour la fameuse « vérité des urnes » que les Fayulu et consorts ne cessent de revendiquer à longueur de mois.
Tout compte fait, nous estimons qu’il est temps que nos compatriotes fournissent beaucoup d’efforts pour évoluer maintenant qualitativement dans la sauvegarde des intérêts nationaux, particulièrement la promotion de la musique congolaise.
C’est aussi leur devoir, à notre avis, de travailler en faveur de la sortie de la musique congolaise de l’état de ghetto dans lequel elle patauge. Dommage que Lamuka ait manqué l’occasion de dissuader les manifestants en leur objectant que la cible n’était pas pertinente!
En tout cas, Fally Ipupa n’était pas la cible. Vouloir s’opposer à l’expression culturelle d’un chanteur, Di Caprio soit-il, qui n’a pas le pouvoir décisionnaire dans le règlement que nous attendons est contreproductif. Est-ce faire preuve de courage que de s’en prendre aux personnes qui ne détiennent pas le pouvoir ?
UN COMBAT MAL CANALISE
Depuis qu’elle a lancé son combat, la bande à Boketshu a-t-elle obtenu gain de cause? Les choses ont-elles pour autant changé positivement dans le sens souhaité ? La vie des Congolais s’est-elle améliorée ? La bonne gouvernance s’est-elle installée en RDC ?
S’il est reproché aux musiciens congolais comme leaders d’opinion de ne pas conscientiser assez des dirigeants congolais ainsi que le peuple, il est vrai que les stars de la musique congolaise ne sont pas les seuls.
Mediacongo.net/acturdc.com