Choix de Kadima à la Ceni: Félix Tshisekedi va-t-il retropédaler ?

Armé d’un mémo tranchant, les prélats qui avaient réuni les preuves de la tricherie ayant favorisé l’accession de Kadima à la tête de la commission électorale, ont dégainé mais poliment.

L’avant-rencontre a permis à l’épiscopat de ne pas pousser les bouchons jusqu’au bout. Néanmoins devant Félix Tshisekedi, les évêques ont rappelé les quatre points de leur mémo à savoir le dossier CENI, la problématique de RAM, une taxe qui passe pour une grande escroquerie aux yeux des Congolais, la gratuité de l’enseignement qui bat de l’aile et enfin l’état de siège dont la requalification a été souhaitée. Le document a été bien reçu surtout que le chef s’est montré très ouvert. Un bon signe parce que les metteurs en scène ont pris en compte tous les détails même la gestuelle. L’opération séduction a un prix. Il faut rassurer.

« Il a beaucoup écouté, il s’est montré ouvert, une belle attitude », commente un participant sous couvert de l’anonymat. Néanmoins, Ambongo veut des gages. L’archevêque de Kinshasa, sourire à la photo, cache en lui un volcan, qui peut à tout moment entrer en éruption. La grève des enseignants des écoles catholiques, les marches des laïcs catholiques couplés au sit-in, en plus du refus de participer à toute observation électorale sous Kadima, sont des armes en sa possession auxquelles le radical cardinal qui ne badine pas quand on touche à sa soutane, peut recourir, quand il souhaitera, secouer le cocotier.

Peu bavard lors de cette rencontre, il a laissé, esprit de corps oblige, aux autres de s’exprimer. D’ailleurs au sortir de l’entretien, c’est Utembi, le président de la CENCO qui a pris la parole pour montrer que les choses vont dans la bonne direction. Dans la dépêche de la presse présidentielle, on a vite compris que le message le plus important, était de présenter le dégel.

Au sujet de la situation sécuritaire, les évêques de la CENCO proposent la « requalification » de l’etat de siège. En ce qui concerne l’éducation nationale, les évêques catholiques ont présenté au chef de l’Etat une série des propositions pour éviter des situations de grève. Quant au processus électoral en cours, le président de la CENCO a indiqué qu’il y a une étape déjà franchie. « Il y a un temps pour tout, a-t-il dit, un temps pour se quereller et un temps pour aller de l’avant. Le plus important est de marcher ensemble », a rappelé le président de la CENCO interrogé par la presse présidentielle.

Optimiste au micro pour la consommation de l’opinion mais Utembi comme la majorité des évêques attendent la réponse à leur cahier des charges.Des mauvais souvenirs hantent toujours les catholiques. Ils ne se laisseront pas berner cette fois-ci par le président, a prévenu un dur à cuire des laïcs catholiques. Déçu par l’attitude de Fatshi sur le dossier CENI, le successeur de Mosengwo s’était plaint chez Sassou. Et pourtant son message était bel et bien arrivé à destination. Mais malgré les contestations, Kadima a été installé. Ambongo s’est vu défier par un pouvoir dont l’Église aura aidé énormément à asseoir. « La réponse revient au président Tshisekedi », a laissé entendre un évêque de l’Est. Pour lui, seul Tshisekedi a la clé pour dénouer la situation.

Fatshi va-t-il retropédaler ?

Difficile de prédire un rétropédalage du président Tshisekedi. Son choix sur Kadima avait été encouragé par tous ses stratèges. Imposer d’abord Kadima, quitte à négocier par la suite quand les autres seront devant un fait accompli. Les prélats savent les manoeuvres politiques mais cette fois-ci au moins, les grands décideurs du clergé resteront intransigeants.

Le tentant poste de secrétaire national de la commission électorale pourra leur être proposé. Vont-ils accepter l’offre ? Certains parmi eux sont d’accord mais seul Ambongo reste encore insondable. Le cardinal est fixiste. Il a rappelé à plusieurs de ses hôtes que la fraude et la tricherie ne passeront pas cette fois-ci. « Celui qui a gagné, gagnera réellement ». Le scénario de 2018 est à oublier. La rencontre « oui » mais la confiance prendra du temps pour se rétablir entre le régime Tshisekedi et les ténors de l’Église catholique.

Le quatuor Bahati-Mboso-Sama-Beya a apaisé la tension

Le travail du quatuor ( Bahati, Mboso, Sama et Beya) a reussi à éteindre l’incendie. Le climat a été un plus convivial même si les blessures de l’attaque de la résidence du cardinal ne seront pas rapidement cicatrisées. Les catholiques vont prendre le temps d’observer le pouvoir par rapport aux promesses données./mediacongo.net

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