Après l’éviction de Jacquemain Shabani, des combattants ont manifesté bruyamment hier au siège du parti en réclamant la tête du Secrétaire général Augustin Kabuya.
La tension était montée d’un cran hier jeudi 12 mars dans la matinée au siège de l’UDPS à la 11ème rue Limete, sur le Boulevard Lumumba. Des militants en colère ont manifesté contre ce qu’eux appellent le » règne des intérimaires » à la tête du parti présidentiel.
Ils ont brûlé des pneus empêchant tout accès au siège du parti. La police a dû intervenir en recourant aux gaz lacrymogènes pour disperser les militants en furie. C’est au bout de quelques heures que l’ordre a été rétabli. Les combattants ont vidé les lieux sous l’œil vigilant des policiers.
Selon le Secrétaire général de l’Udps, ceux qui ont manifesté hier jeudi 12 mars ne sont pas membres de l’UDPS.
« J’ai trouvé une campagne d’intox menée ici au siège. Selon un groupe d’agents de sécurité, un conseiller du chef de l’État leur aurait dit que j’avais déjà envoyé des listes de recrutement au niveau de l’armée et de la police et je les ai ignorés « , s’est exprimé Augustin Kabuya sur Top Congo.
Pris à partie par les manifestants, Augustin Kabuya affirme que les organisateurs de ce mouvement de protestation ont été manipulés.
« D’autres ont cherché un groupe de badauds à Mombele pour m’agresser. Ce sont des voyous recrutés à Mombele », fait-il savoir.
Alors que les manifestants réclamaient la réorganisation du parti et la convocation d’un congrès pour élire les nouveaux dirigeants du parti, le Secrétaire général du parti présidentiel indique que la question n’est pas à l’ordre du jour.
Ces échauffourées surviennent au lendemain du limogeage de Jacquemain Shabani de la tête de la Commission électorale permanente du parti. Dans une décision signée le 6 février courant, le président ad intérim de l’UDPS, Jean-Marc Kabund a limogé Jacquemin Shabani, remplacé par Abuka Seya Gédéon à la tête de la CEP. Il est dit dans ce document : « Considérant le Pv de la plénière de la CEP du 19 février 2020, vu la nécessité et l’urgence, la présidence du parti, l’exécutif national du parti entendu : Article 1er : le bureau de la Commission électorale permanente du parti, Cep en sigle, est composé de la manière suivant : président Abuka Seya Gédéon, vice-président Kabeya Shikayi John, rapporteur Kimoanga Mateba Zéphirin, rapporteur adjoint Bidiafu Makedika Dady », dit le document signé par Jean Marc Kabund a Kabund, président intérimaire de ce parti dont une copie est parvenue hier jeudi à Forum des As.
JACQUEMAIN EN JUSTICE
L’ancien président de la CEP a rejeté ces nouvelles mises en place et promis d’aller en justice contre le président a.i du parti, Jean Marc Kabund.
Irrité, Jacquemin Shabani dit traduire en justice Jean-Marc Kabund en considérant la décision de son limogeage comme une humiliation. Il fait savoir, de ce fait, que la décision du président ai de l’Udps frise la légèreté et viole le texte réglementaire dudit parti. Par voie de conséquence, il promet de saisir les cours et tribunaux en dénonçant une décision arbitraire.
Il reconnait, néanmoins, n’avoir pas encore été notifié. Pour lui, il s’agit d’une » énième violation des textes du parti, qui devra être selon lui, sanctionné par une décision judiciaire pour édification de tous ».
GUERRE DE LEADERSHIP
Depuis l’avènement de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême, une guerre de leadership divise l’UDPS. Pour éviter le cumul de pouvoirs depuis qu’il a accédé à la présidence de la République, Félix Tshisekedi a nommé en janvier 2019 Jean-Marc Kabund-a-Kabund pour assurer l’intérim à la présidence de l’UDPS.
Ce choix du chef de l’Etat n’aura pas cependant plu à tous les cadres de l’UDPS. D’où les clashes à répétition au sein de la formation tshisekediste.
Jacquemain Shabani et d’autres ténors de l’UDPS ont toujours dénoncé la nomination de Jean-Marc Kabund et d’Augustin Kabuya, respectivement comme président intérimaire et secrétaire général du parti.
Pour le président de la CEP et secrétaire général honoraire du parti présidentiel, la nomination de Jean-Marc Kabund en qualité de président intérimaire et celle d’Augustin Kabuya comme secrétaire général l’est en contradiction avec l’article 26 des statuts de l’UDPS du 25 janvier 2013, concernant l’intérim du président du parti, qui stipule:
« En cas de décès, de démission, d’empêchement définitif, d’expiration de mandat ou d’interdiction d’exercer du président du parti, un directoire composé du président en exercice de la Convention Démocratique du Parti, du Secrétaire Général du Parti et le président de la Commission Électorale Permanente assure l’intérim pour 30 jours au terme desquels il convoque le congrès en vue d’élire un nouveau président ».
Augustin Kabuya ne l’entend pas de cette oreille. Pour le SG, Félix Tshisekedi n’a violé aucun texte régissant l’UDPS en désignant JM Kabund, président intérimaire du parti.
« Le Président Félix Tshisekedi n’a violé aucune disposition de nos textes. Certains d’entre nous parlent de l’article 26 sans en donner des explications claires.
Cet article parle de l’empêchement définitif. Ce qui n’est pas le cas pour le président Félix Tshisekedi, qui est temporairement empêché par des obligations d’État, » a-t-il indiqué.
Dans le camp pro Shabani, on estime au contraire qu’il serait « plus sain » que l’UDPS soit animé par des personnalités qui ne participent pas directement au pouvoir. Mais le chef de l’Etat prendra-t-il le risque que le parti lui échappe? Les contestataires espèrent en tout cas que FATSHI tranchera la querelle. La balle est plus que jamais dans le camp du chef de l’État.
Acturdc.com