L’accord politique qui aurait été conclu entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila sera publié très prochainement. Sur France 24, Corneille Nangaa a promis de déballer l’entente écrite entre l’ancien chef de l’État et son successeur. L’ex-président de la CENI précise qu’il s’agit d’un accord de partage du pouvoir en vue d’une plus grande fluidité de la passation des pouvoirs entre les deux hommes.
Un entretien cadré, réalisé par Marc Perelman, l’un des grands intervieweurs de France 24. La chaîne de télévision française d’information en continu a pris soin de ne pas dévoiler le lieu de cachette (exil) politique de l’ancien président de la CENI. Interrogé à distance depuis une pièce de sa résidence, Nangaa est apparu serein, très engagé et ferme vis-à-vis du régime Tshisekedi. “La menace contre mon intégrité physique est réelle. Je suis en exil forcé. Parce que Monsieur Tshisekedi voulait me tuer”, a-t-il accusé le pouvoir de Kinshasa. Terrible affirmation qui laisse planer des interrogations sur ce que peuvent être les mobiles de la menace. L’opposant président de l’Action pour la dignité du Congo et de son peuple (ADCP) se considère comme l’un des témoins vivants du deal. “Nangaa en sait un peu trop. Et c’est ça le problème”, a-t-il répondu au journaliste. L’ancien patron de la Centrale électorale congolaise rappelle qu’il lui a été retiré la garde rapprochée alors qu’il en a légalement le droit. “C’est sa politique de vouloir humilier tout le monde qui a participé plus ou moins à son investiture là où il est aujourd’hui. C’est la même chose lorsqu’on observe la tendance et la propension à chercher à humilier l’ancien chef de l’État, ça va dans cette logique”, a-t-il déclaré.
Nangaa affirme avoir subi des menaces en permanence. “Je me suis éclipsé de Kinshasa, c’est ce qui justifie que je sois en errance aujourd’hui ou en exil. Entre-temps, cela ne va pas arrêter le combat que je mène”, soulignera-t-il.
Corneille Nangaa est précis dans son pessimisme : “Il n’y aura pas élections le 20 décembre 2023. Le processus électoral est basé sur le mensonge et le faux. Fichier électoral bancal et faisandé associé à une incapacité technique sans pareil”, a-t-il écrit sur X (ex-Twitter). Pour lui, le président Tshisekedi chercherait un glissement de mandat afin de prolonger son règne. “Les conditions sécuritaires du pays ne s’y prêtent pas. Je me pose la question de savoir qu’est-ce que nous cherchons réellement? Je constate que certains sont en train de se bousculer à Kinshasa pour des élections pendant que nous n’avons plus Rutshuru, Masisi”, a-t-il insisté.
Pire, Nangaa accuse Tshisekedi d’être un acteur de la division des citoyens. “La situation au Kivu et dans l’est en général, c’est la conséquence de cette politique de division du peuple. Même tout ce qui est du ressort technique des scrutins ne permettra pas les élections en 2023”, a-t-il insisté. Pour l’ancien administrateur des élections en RDC, aller aux élections le 20 décembre 2023, sera comparable à un téméraire commandant qui se décide de poser l’aéronef sur une piste parsemée de gros bétails. “C’est très dangereux. Nous ne l’accepterons pas”, a-t-il affirmé.
Pas d’élections en décembre
Corneille Nangaa est précis dans son pessimisme : “Il n’y aura pas élections le 20 décembre 2023. Le processus électoral est basé sur le mensonge et le faux. Fichier électoral bancal et faisandé associé à une incapacité technique sans pareil”, a-t-il écrit sur X (ex-Twitter). Pour lui, le président Tshisekedi chercherait un glissement de mandat afin de prolonger son règne. “Les conditions sécuritaires du pays ne s’y prêtent pas. Je me pose la question de savoir qu’est-ce que nous cherchons réellement? Je constate que certains sont en train de se bousculer à Kinshasa pour des élections pendant que nous n’avons plus Rutshuru, Masisi”, a-t-il insisté.
Pire, Nangaa accuse Tshisekedi d’être un acteur de la division des citoyens. “La situation au Kivu et dans l’est en général, c’est la conséquence de cette politique de division du peuple. Même tout ce qui est du ressort technique des scrutins ne permettra pas les élections en 2023”, a-t-il insisté. Pour l’ancien administrateur des élections en RDC, aller aux élections le 20 décembre 2023, sera comparable à un téméraire commandant qui se décide de poser l’aéronef sur une piste parsemée de gros bétails. “C’est très dangereux. Nous ne l’accepterons pas”, a-t-il affirmé.
Tshisekedi a échoué
La grave légèreté imprimée dans la prise en charge de la question sécuritaire de l’est procède d’une débilité politique, reproche l’opposant depuis son lieu d’exil. La sécurité nationale doit demeurer une priorité des priorités, dit-il avant de rafraîchir la mémoire de ses concitoyens de l’une des phrases phares de Félix Tshisekedi. « Tant que je n’aurai pas réglé ce problème de sécurité, pour moi, je n’aurai pas réussi mon mandat de président de la République », dixit Félix Tshisekedi. À ce niveau justement, le leader de l’ADCP soutient que l’actuel président a échoué et qu’il doit quitter le pouvoir. “Son passage à vide n’a produit que du vent : orgies et jouissance, mensonge, populisme, gangstérisme, détournements spectaculaires, dépassements budgétaires, violation des droits de l’homme et de la Constitution, promesses non tenues, insécurité, catastrophes, tribalisme, chômage et la mort”, a-t-il chargé le chef de l’État sortant. Pour lui, Tshisekedi ne mérite plus la confiance des Congolais.
Je confirme, l’accord existe
Nangaa se veut serein et plus rassurant que jamais quand il évoque ce chapitre. “Il y a bel et bien eu accord politique entre Félix Tshisekedi Tshilombo et Joseph Kabila Kabange en 2018”, affirme-t-il sur France 24. Il précise que cet “accord” est un acte d’État qui doit être respecté. Et de menacer, “ne pas s’y conformer, engendrera des conséquences époilantes”. L’exilé politique confirme également que “c’est cet accord qui a permis plus ou moins l’alternance pacifique avec pour la toute première fois, après soixante ans d’indépendance, une remise et reprise entre deux chefs d’État, un sortant et l’autre entrant”. Il relate que l’accord a été conclu avant la publication des résultats de 2018. Évoquer les résultats électoraux de 2018 serait inopportun, estime-t-il étant donné que la CENI avait fait sa part en annonçant les résultats provisoires et la Cour constitutionnelle, la sienne avec les résultats définitifs des votes.
Des pressions internes et externes
Le prédécesseur de Denis Kadima avoue que les circonstances de l’élection présidentielle de 2018 étaient particulièrement volcaniques et houleuses. Il parle même d’une circonstance exceptionnelle où pour la toute première fois, on n’avait jamais vu cela, il y a eu une passation des pouvoirs. “Et c’est la gestion de cette circonstance exceptionnelle où il y avait la conjugaison de plusieurs intérêts : les intérêts de ceux qui étaient avec les différents candidats, les intérêts de la communauté internationale, mais ce qu’on a souvent oublié, les intérêts des forces de sécurité”, développe lucidement l’ancien président de la CENI. L’opposant assure que son institution devait jouer un rôle pour la paix dans la passation pacifique du pouvoir. L’accord s’intitule : “Accord pour la paix et la stabilité de la République démocratique du Congo”, révèle-t-il et que “ledit accord n’a violé aucune disposition de la Constitution”, mais il permettait la fluidité de cette passation des pouvoirs. Corneille Nangaa souligne par la suite qu’il n’y a pas de mystère.
Dans les jours qui viennent, nous allons rendre public l’accord. Cet accord a pour objet le partage du pouvoir. Parce qu’on était dans une situation exceptionnelle où la majorité a été bel et bien gagnée par le FCC alors que celui qui est passé président de la République était de l’autre bord politique.
Témoins politiques et témoins militaires
C’est ici que l’acteur politique congolais évoquera la présence de quelques témoins à l’accord. “Je confirme que l’accord a été signé devant témoins. Témoins militaires, témoins politiques et qu’après, l’accord a été validé et certifié par trois chefs d’État africains”, a-t-il révélé en citant précisément le président sud-africain, l’ancien président kényan et le président égyptien. Nangaa affirme clairement qu’il y a eu beaucoup d’intervenants dans le jeu. “Le problème dans cette histoire, laissez-moi le dire aujourd’hui, c’est qu’il y a eu beaucoup d’intervenants comme je les ai cités plus haut. Vous aviez la CENI et la Cour constitutionnelle, vous aviez l’ancien chef de l’État et le nouveau chef de l’État qui est en fonction. Vous aviez les services de sécurité et la communauté internationale”, a-t-il énuméré. Autant d’intérêts autour de la question qu’il fallait canaliser, rassurer et gérer. Il s’indigne qu’il soit le seul à en payer le prix. “Mon adjoint ainsi que mon conseiller technique avons été sanctionnés par les Américains à cause de cela. C’est ce qui est très énervant”, reconnaît-il.
Dispute minière ?
Alors que les proches du régime Tshisekedi soutiennent affirmativement que Corneille Nangaa est frustré pour avoir perdu certains intérêts miniers obtenus de manière illicite, l’homme se défend en minimisant les affaires privées dans un combat politique de haut niveau. “Les questions privées ne me concernent pas lorsque je prends mes positions politiques. Il est un fait que je suis en contradiction politique avec le régime de Monsieur Tshisekedi. Y insérer la question minière, une affaire privée, n’a pas d’importance”, a-t-il réagi à l’une des questions fléchées de l’interview. Mais ce qui est sûr, affirme l’opposant, c’est qu’une mine lui a été expropriée par Tshisekedi, admet-il. “La mine est aujourd’hui exploitée par sa famille biologique”, a-t-il insinué.
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