Barrage de la Renaissance : F. Tshisekedi bien parti pour sceller l’entente entre Égyptiens, Éthiopiens et Soudanais

Dans son discours d’ouverture solennelle des négociations entre parties, le Chef de l’Etat congolais a remercié son prédécesseur, le Sud-africain Cyril Ramaphosa, d’avoir déjà ouvert la voie aux négociations. Deux cycles de négociations avaient été menés sous son mandat et avaient permis la production de la première ébauche d’un accord. C’est pourquoi, espère-t-il, les négociations tripartites de Kinshasa constituent un tournant capital dans la recherche de l’entente entre les trois pays africains baignés par le fleuve Nil.

         On rappelle que le différend entre les parties concerne le grand barrage que construit l’Éthiopie en amont du fleuve Nil en vue de booster son industrialisation. Ce que l’Égypte et le Soudan ne digèrent pas, craignant que l’ouvrage puisse impacter négativement sur le débit du Nil en aval.

         Après la partie solennelle marquée par le discours du Président Félix Antoine Tshisekedi, les négociations se sont déroulées à huis clos et reprendront ce matin sous le même format avant la cérémonie officielle de clôture.

                            Dom

CEREMONIE DE POURSUITE DES NEGOCIATIONS TRIPARTITES

SUR LE GRAND BARRAGE ETHIOPIEN DE LA RENAISSANCE :

DISCOURS D’OUVERTURE DE SON EXCELLENCE MONSIEUR

FELIX ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, PRESIDENT

DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, PRESIDENT

EN EXERCICE DE L’UNION AFRICAINE

Excellences Messieurs les Ministres et chefs de délégations

Excellence, Monsieur le Doyen du Corps Diplomatique ;

Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs ;

Excellences, Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ;

Chers experts et observateurs ;

Distingués invités ;

Mesdames, Messieurs ;

         En cette circonstance solennelle et exceptionnelle de la poursuite des négociations tripartites entre l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan, sur la question du Grand Barrage de la Renaissance (GERD), Je voudrais vous exprimer ma gratitude à toutes vos délégations, pour avoir bien voulu répondre à l’invitation de la République Démocratique du Congo et de l’Union africaine, notre Organisation mère, allant jusqu’à braver les risques liés à la pandémie  de COVID 19 qui sévit à travers le monde, au nom des intérêts supérieurs de la recherche de la paix, de l’entente conviviale, amicale et fraternelle, de la coopération entre pays et peuples frères.

         Je tiens à vous remercier tous pour la confiance placée en mon pays, la République Démocratique du Congo qui assure la présidence de l’UA ainsi que pour votre attachement aux principes de l’ONU et à la primauté de l’Union africaine pour chercher et trouver ensemble des solutions africaines aux problèmes africains.

         C’est ici l’occasion de rendre un vibrant hommage à Leurs Excellences Madame Sahle-Work Zewde, Présidente de la République Démocratique Fédérale d’Éthiopie, Monsieur Abdel Fattah Al-Sissi, Président de la République Arabe d’Égypte et Monsieur Abdel Fattah Abdelrahmane Al-Burhan, Président du Conseil de souveraineté de la République du Soudan pour leur accompagnement et soutien dans ce processus.

         Qu’il me soit permis en votre nom à tous, de remercier également Son Excellence Monsieur Moussa Faki, Président de la Commission de l’Union Africaine, ici représenté par Son Excellence Monsieur Bankole Adeoye, Commissaire aux Affaires Politiques, Paix et Sécurité de l’Union Africaine, dont nous saluons la récente élection à ce poste, pour avoir rehaussé de sa présence cette cérémonie solennelle.  

         Je remercie également tous ceux qui, dans un élan de solidarité, ont apporté leur appui à cette rencontre, particulièrement nos partenaires bilatéraux et multilatéraux. 

         Je salue votre présence si importante à Kinshasa, comme un signe évident d’une volonté politique renouvelée, mieux d’un engagement exemplaire et d’une détermination à unir une fois de plus vos forces pour parvenir à une issue heureuse, profitable à nos peuples, conforme à la vision stratégique d’ « Une Union africaine au service des peuples » et se plaçant résolument dans la concrétisation de l’agenda 2063 « L’Afrique que nous voulons ».

Excellences,

Distingués invités,

Mesdames et messieurs,

On ne peut comprendre la problématique de la construction du Grand Barrage Ethiopien de la Renaissance sans reconnaitre le besoin croissant de la République arabe d’Égypte, de la République Fédérale Démocratique d’Éthiopie et de la République du Soudan pour leurs ressources en eaux transfrontières, et cerner l’importance du Nil en tant que source de vie et source de développement pour ces trois pays.

         Certes, le lancement de la construction du GERD en avril 2011 a suscité plusieurs réactions, mais il a aussi mis en exergue le besoin d’établir un modèle de coopération régionale positive, fondée sur les principes d’Intérêts mutuels pour sécuriser toutes les parties et permettre à leurs populations de s’épanouir davantage. C’est dans ce sens que la sagesse populaire partagée de part et d’autre de nos fleuves par les pays riverains devait tendre à les considérer non comme des barrières naturelles mais comme des boulevards bleus pour faciliter les échanges et des passerelles pour la jonction de nos intérêts et des projets de coopération régionale.

         Je pense personnellement que la décennie des rencontres et des négociations n’a pas été une décennie perdue. Bien au contraire elle a servi à déblayer le terrain, à mieux cerner et comprendre nos préoccupations, appréhensions et ententes respectives.

         Certes la route est balisée et les points de repère posés, mais il s’impose encore à nous le défi  de travailler en harmonie et de bien gérer le temps qui nous reste  pour  harmoniser les vues, notamment sur la nature de l’instrument dans lequel seront consignés les futurs arrangements à convenir. Cet instrument tant attendu par des centaines de millions d’Egyptiens, d’Ethiopiens et de Soudanais gagnerait à avoir comme objectif ultime la réalisation des droits humains à l’eau, à l’alimentation et à la santé des populations des trois pays et de leur droit au développement et à un environnement satisfaisant propice à ce développement, au-delà des droits des Etats à utiliser les eaux du Nil. La dimension humaine est à placer au centre de ces négociations tripartites.

         A cet égard, outre d’autres tentatives passées ou en cours, il convient de considérer la Déclaration des principes de 2015 comme une base constructive pour l’ensemble des développements techniques et juridiques, et même pour une éventuelle mise en place d’un cadre permanent de concertation, ainsi que pour la mise en œuvre d’un faisceau des projets de coopération régionale profitables à toutes les populations. Le fleuve Nil doit demeurer une source féconde de vie et de prospérité partagée dans un processus gagnant-gagnant, respectueux des intérêts mutuels et réciproques des Etats et peuples concernés.

         L’Agenda 2063 nous appelle, avec le concours de vous tous, à relever le défi  de la poursuite de la campagne « Faire Taire les Armes: Créer des Conditions Propices au Développement de l’Afrique », campagne initiée sous la présidence de mon prédécesseur, le Président Cyril Ramaphosa, à qui je rends un hommage mérité pour tous les efforts fournis, malgré le surgissement impromptu et imprévisible de la COVID 19. Il a tenu le Cap de la lutte implacable contre cette pandémie par une coordination heureuse des efforts continentaux en collaboration avec Africa CDC, mais aussi par la poursuite d’autres actions car, l’Afrique que nous voulons est une Afrique débarrassée des conflits et des crises.

         C’est le lieu de rappeler ici que pendant le mandat de mon prédécesseur, les parties ont tenu deux cycles de négociations qui leur ont permis de produire la première ébauche d’un accord. Il s’agit d’un texte qui met en évidence les positions des parties et qui propose une voie de sortie. Il nous faut consolider les acquis de cette ébauche d’accord, surmonter les écueils et aller de l’avant.

         La poursuite des négociations tripartites à Kinshasa a cet avantage de pouvoir sortir ces négociations du virtuel pour le présentiel physique, « face to face » comme disent d’aucuns. Elle peut être considérée comme une étape importante, un événement majeur, un pas décisif, mais elle ne constituera véritablement un tournant capital que par le contenu que tous ensemble, nous lui donnerons, si nous sommes animés par la détermination et le courage de surmonter les obstacles. Ainsi, la réunion de Kinshasa se fixe comme objectif de déclencher une nouvelle dynamique qui devrait nous permettre de franchir de nouvelles étapes et de les consolider, notamment par la mise en place d’une feuille de route consensuelle, fixant les objectifs, la périodicité et les lieux de nos rencontres, en tenant compte des contraintes temporelles.

         C’est pourquoi j’ai profité de cette fenêtre d’opportunité pour relancer la poursuite des négociations avec l’accueil, en présentiel de cette première réunion des parties que je souhaite fructueuse aux termes des échanges que vous allez bientôt engager.

Excellences,

Distingués invités,

Mesdames et messieurs,

Je souhaite vivement que ces deux jours d’échanges et de délibérations offrent aux parties l’opportunité d’examiner et de proposer des solutions aux questions techniques et juridiques en suspens en vue de parvenir, selon une feuille de route et un calendrier à convenir, à un règlement complet et définitif de la question et d’ouvrir une nouvelle page de coopération dans l’histoire de ces trois pays frères, pays si indispensables à la consolidation de la paix dans tout le continent.

         Les divergences autour du Grand Barrage Ethiopien de la Renaissance ne doivent pas être regardées comme une fatalité mais comme une chance pour un meilleur rapprochement de nos populations et l’ouverture de nouvelles opportunités de coopération transfrontalière et régionale. Elles doivent être aplanies et c’est pour cette raison que vous êtes là.     

         Par conséquent, je vous invite tous à prendre un nouveau départ, à ouvrir une ou plusieurs fenêtres d’espoir, à saisir toutes les opportunités, à rallumer le feu de l’espérance. Il nous faut avec réalisme mais aussi  détermination, trouver des issues heureuses et durables pour  se parler et échanger régulièrement les informations, pour nous accorder sur la poursuite sans relâche du processus ainsi amorcé, sur la périodicité de nos rencontres, pour vider progressivement les points en suspens, pour arriver à un arrangement consensuel gagnant-gagnant, apaisant pour les uns et les autres.

         Avant de clore mon propos, je voudrais rappeler sans le moindre doute qu’à la suite des échanges que j’ai eus avec les  plus hautes autorités de toutes les parties concernées dans ce dossier, une volonté ferme d’en finir avec ce différend par l’harmonisation des points de divergences et l’amorce d’une coopération régionale solide et fructueuse s’est clairement exprimée.

         Il vous revient donc, en vos qualités de représentants de vos pays conviés à ce stade de discussions, de pouvoir matérialiser cette volonté exprimée par vos dirigeants respectifs aux fins de conclure une entente mutuellement avantageuse.

         C’est sur cette note d’espérance que je déclare ouverts les travaux de la Conférence Ministérielle de Kinshasa sur « La poursuite des négociations tripartites sur le Grand barrage éthiopien de la Renaissance », et je vous souhaite pleins succès dans vos travaux.

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