Il était très attendu, l’informateur annoncé pour requalifier la majorité parlementaire au sein de l’Assemblée nationale. Bahati Lukwebo Modeste, c’est bien lui a été choisi par Félix Tshisekedi pour cette étape importante qui va l’aider à former un nouveau Gouvernement « de l’Union sacrée ».
La désignation de l’actuel autorité morale de l’Alliance des Forces démocratiques du Congo (AFDC) a été annoncée dans un communiqué lu ce jeudi 31 décembre 2020 à la RTNC.
Le Front commun pour le Congo (FCC) de l’ancien président Joseph Kabila revendiquait, et revendiquait encore cette majorité; même si bureau de l’Assemblée nationale dirigé par ses membres est tombé à la suite d’une motion initiée par l’opposition et des députés pro-Tshisekedi.
Le travail de Lukwebo, plusieurs fois ministre au sein du régime Kabila, ne devrait donc pas être facile. Dans les deux camps, une mobilisation sans précédent est observée. Une cellule de crise a même été mise en place par Kabila, pour tenter de convaincre les députés FCC, -en tout cas ceux qui ne sont pas encore partis-, de rester à bord du navire.
Ministre du Plan puis de l’Économie sous Joseph Kabila, Modeste Bahati Lukwebo fut le premier à se rapprocher de Felix Tshisekedi dès janvier 2020, mais il avait hésité à sauter le pas. Il ne le fera ouvertement qu’après l’annonce de la fin de la coalition FCC-CACH.
Pour un petit rappel, les tensions entre lui et Joseph Kabila se sont confirmées en juillet 2019, lorsque le sénateur ose se présenter face au candidat choisi par le FCC pour la présidence du Sénat. Il est sans ménagement radié de la coalition de l’ancien chef de l’État et son regroupement politique, l’AFDC [Alliance des forces démocratiques du Congo], a fait l’objet d’un dédoublement.
Aujourd’hui, ce sera à lui de convaincre des membres du FCC d’adhérer à l’Union sacrée souhaitée par Félix Tshisekedi; jusqu’ici largement minoritaire à l’Assemblée nationale, et d’ouvrir la voie à la formation d’un nouveau gouvernement.
La mission confiée à Bahati Lukwebo peut durer jusqu’à trente jours et être renouvelée une fois, mais dans l’entourage du président, on estime qu’elle sera courte. Car, selon l’un des conseillers, la majorité est déjà acquise, grâce à des récentes déclarations d’adhésions des députés à l’« union sacrée ». Mais pour le FCC, le chef de l’État ne devrait pas nommer un informateur avant la démission ou la destitution du chef du Gouvernement.
Toutefois, l’informateur officiellement désigné, Joseph Kabila et ses fidèles ont déjà une grande probabilité de se retrouver dans l’opposition pour les trois prochaines années. Mais ce ne sera que jusqu’aux nouvelles élections, puisque « l’Union sacrée » pourrait exploser à tout moment, à la suite des ambitions des uns et des autres pour la présidentielle de 2023.
« Théoriquement, l’informateur doit identifier une nouvelle majorité. C’est-à-dire qu’il va poser la question aux gens de Lamuka et autres s’ils veulent participer au Gouvernement. Il va éventuellement chercher à débaucher certains députés du FCC. Et il va probablement arriver à constituer une majorité alternative, s’il arrive à un niveau qui dépasse 250. Ce qui impliquerait que le FCC serait en ce moment-là dans l’opposition », disait le 7 décembre dernier, le Professeur Arnold Nyaluma, à Laprunellerdc.info.
Mais, poursuit-il, « Il peut arriver qu’après tous ces efforts la majorité du FCC reste intacte. Dans ce cas c’est le FCC qui va encore former le Gouvernement. Mais dans cette situation où il y a une crise de confiance entre le chef de l’Etat et son partenaire, il y aura un problème sérieux. Ce sont malheureusement des manigances politiques qui vont nous prendre encore peut-être six mois, peut-être une année. »
congo-press.com (MCP)/acturdc.com