Des femmes et des enfants congolais ont été violés et soumis à d’autres abus lors d’une expulsion massive de travailleurs migrants d’Angola vers la République démocratique du Congo ces derniers mois, rapporte Reuters.
D’après les informations rapportées par Reuters, la taille de la dernière expulsion n’est pas encore connue, mais 12. 000 travailleurs ont traversé un passage frontalier près de la ville congolaise de Kamako au cours des six derniers mois, selon des chiffres non communiqués auparavant par l’agence des Nations Unies pour les migrations, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Le mois dernier, le personnel de l’ONU s’est rendu dans la région et a rédigé un rapport préliminaire interne sur la situation, apprend-on.
« Les filles et les femmes sont arrêtées où qu’elles soient, sans les besoins nécessaires, détenues puis séparées de leurs enfants et maris, soumises à des traitements inhumains et dégradants, parfois violées », indique le rapport consulté par cette agence Britannique.
La même source précise que ce rapport, qui devra être vérifié par diverses organisations partenaires avant toute publication éventuelle, n’identifie pas explicitement les auteurs. Un médecin travaillant dans la région a blâmé les civils au Congo et les forces de sécurité angolaises.
Un porte-parole de l’autorité angolaise des migrations, Simão Milagres, a déclaré qu’il y avait eu une augmentation des expulsions au cours des dernières semaines, mais a nié que des viols et d’autres abus aient eu lieu.
« Ce n’est pas vrai. Je peux garantir qu’il n’y a pas d’attitude institutionnelle favorisant la violence contre les migrants », a-t-il retoqué.
Un médecin spécialisé dans le traitement des victimes de violences sexuelles dans un centre de santé à Kamako, Victor Mikobi a laissé entendre que les cliniques locales avaient enregistré 122 cas de viol cette année, des niveaux sans précédent pour la ville.
À l’en croire, ce sont des femmes ou des filles expulsées d’Angola, dont certaines ont moins de 10 ans, sans aucun moyen de subsistance et très vulnérables à ce type de violence. Aussi, dit-il, des cas de viol collectif ont causé des complications médicales.
Sur la base des témoignages de patients soignés dans son centre de santé, il a estimé qu’au moins 14 viols avaient été commis par les forces de sécurité angolaises. Des dizaines d’autres ont été commis par des civils au Congo.
Le gouverneur de la région du Kasaï, dans le Sud de la RDC, Dieudonne Pieme Tutokot a fait savoir qu’il était au courant de cas de viol et avait ouvert une enquête.
Le porte-parole de l’autorité angolaise des migrations, Milagres, a renseigné que la répression contre les travailleurs illégaux est survenue alors que le pays cherchait à promouvoir la migration légale par le biais d’un processus de demande de visa en ligne.
Les déportations massives d’Angola vers la RDC se produisent toutes les quelques années. La plus importante, en 2018, a entraîné l’expulsion de 330 000 travailleurs. Au cours de deux mois en 2010, l’ONU a estimé que plus de 650 personnes avaient subi des violences sexuelles lors des expulsions d’Angola./politico.cd