Affaire RAM à Kinshasa : la vente des mégabytes gagne du terrain au détriment de celle de crédits, se plaignent les tenanciers des cabines téléphoniques

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Initié depuis la fin de l’année 2020 par Augustin Kibasa, ministre des Postes, télécommunications et nouvelles technologies de l’information et de la communication (PTNTIC), le service de Registre des appareils mobiles (RAM) a, selon l’Autorité de régulation des postes et télécommunications du Congo (ARPTC), pour objectifs d’optimiser la sécurité et la qualité de service des réseaux mobiles sur le territoire national, de lutter efficacement contre la contrefaçon des appareils mobiles en déconnectant les appareils identifiés comme non-conformes, et de combattre le vol des appareils mobiles en bloquant les appareils déclarés volés.

Mais sur le terrain, ce service est loin de faire l’unanimité au sein de la population congolaise en générale, et kinoise en particulier. Tout le monde ou presque se lamente et conteste cette forme de taxe.

Si les paisibles citoyens se plaignent de se faire bouffer les crédits après chaque recharge, les tenanciers des cabines téléphoniques, eux-mêmes, ne sont pas en reste. Ces derniers ne cessent de déclarer, que depuis l’instauration du RAM, ils ne parviennent plus à réaliser des recettes qu’ils faisaient avant. Motif : plusieurs pertes dues notamment par la méfiance des clients de s’acheter des crédits de communication au profit des mégabytes. « RAM est venu pour nous appauvrir davantage. Aujourd’hui, nos clients ne veulent plus acheter les crédits et préfèrent acheter des mégabytes. Avant, je vendais plus de quatre-mille unités par jour mais aujourd’hui avec l’avènement de RAM, j’ai été obligé de réduire mon pouvoir d’achat  parce que mes clients achètent plus les mégabytes que les crédits. Selon moi, c’est un manque à gagner. Je dois payer le loyer, subvenir à mes besoins et aux besoins de ma famille », confie Patrick Kabamba, tenancier d’une cabine téléphonique sur l’avenue Colonel Ebeya dans la commune de la Gombe.

Il fait aussi savoir que la vente des mégabytes ne présente pas que des avantages. Il leur arrive d’accuser des pertes au regard de la durée de validité de ce forfait dans sa sim cabine.  « Le forfait a une durée de validité bien déterminée et nous sommes obligés de les vendre en un temps record. Nous sommes de fois obligés de baisser le prix pour au moins récupérer l’argent. Mais pour les crédits, la validité au téléphone est d’un an ou 2 ans (…) », explique M. Kabamba. Et d’ajouter : « Avec RAM, les choses ne marchent plus comme avant.  Ça nous arrive que tu envoies le crédit à un client, chez toi tu as le message de confirmation tandis que chez lui, le crédit n’est pas arrivé et cela provoque une mésentente entre les deux. Aujourd’hui, nous ne gagnons presque plus rien et nous devons vendre aussi d’autres articles (papier mouchoir, cigarette, arachides, galettes…)  pour compenser ».

Au sujet des bénéfices que se font ces tenanciers des cabines, la vente des crédits et celle des mégabytes ne représentent pas la même chose non plus. Avec les crédits, ils disent gagner, très souvent, deux fois plus qu’avec les mégabytes. « La taxe n’est pas mal parce que c’est le devoir d’un citoyen. Même ailleurs, on le fait aussi (…). Mais ici, depuis que RAM a été instaurée, j’ai connu une baisse dans mon chiffre d’affaires. Auparavant, les gens achetaient les crédits pour activer les différents forfaits et cela était bénéfique pour nous. Mais aujourd’hui, les gens ne veulent plus  acheter les crédits et  préfèrent acheter directement les mégabytes pour contourner la taxe RAM. Aujourd’hui, il est rare de voir une personne venir acheter du crédit. La vente des crédits m’apportait un bénéfice de 40% mais avec la vente des mégabytes le bénéfice est de 15 % et c’est un manque à gagner », a dit Joël Bontamba, tenancier d’une cabine téléphonique au quartier Salongo dans la commune de Lemba.

La vente des crédits devenue rare, celle des mégabytes pas vraiment très rentable et ce n’est pas fini. Certains approchés par ACTUALITE.CD avouent même ne plus se rendre dans des cabines téléphoniques depuis quelque temps. Ils jugent mieux de faire un dépôt sur leurs comptes mobile money et effectuer directement les achats des mégabytes ou forfait appel depuis leurs propres téléphones. « Moi, je n’achète plus les crédits pour appeler ou activer les forfaits comme avant. Aujourd’hui avec la monnaie mobile, je dépose  l’argent sur mon compte  pour acheter les différents forfaits dont j’ai besoin (minutes, mégabytes) car je suis une commerçante, mes dépenses sont bien calculées et cela me facilite la tâche », a déclaré Carine Nsiangani, une femme d’affaires.

La mise en place du service RAM intéresse aussi au plus haut niveau des élus nationaux. Plusieurs initiatives parlementaires ont été initiées par quelques députés nationaux dans le souci de connaître le bien-fondé de cette taxe. A ce jour, pas moins de trois questions orales avec débat ont été adressées au ministre des PTNTIC.

actualite.cd

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