“Félix Tshisekedi n’est pas seul. Son peuple est avec lui”, propos de Thierry Monsenepwo Mototo, membre du bureau politique de l’Union sacrée. Le jeune leader congolais, très confiant, donne Félix Tshisekedi vainqueur à l’élection présidentielle prochaine qu’il veut coûte que coûte en 2023 pour désillusionner ses adversaires.
Dans l’interview exclusive accordée à Ouragan.cd, Monsenepwo revient également sur l’appel au rassemblement de tous les citoyens derrière le chef de l’État, pour faire face à la guerre imposée à la RDC par le Rwanda via ses supplétifs du M23.
Ouragan : Thierry Monsenepwo Mototo, vous êtes membre du bureau politique de l’Union sacrée et leader de la jeunesse de la Convention des Congolais Unis (CCU). Pourquoi la classe politique surtout l’opposition a acceulli de maniere mitigée l’appel à la mobilisation lancé par le chef de l’État ?
T.M.M : Au contraire. La classe politique a bien perçu le message du chef de l’État, appelant les Congolais à taire les divergences. Mais au-delà, la joie est de constater la manière dont le peuple lui, a accueilli ce message! Avec enthousiasme. Provoquant une série de réactions allant du soutien à nos forces de l’ordre à l’engagement de plusieurs milliers de jeunes au sein de notre armée. C’est sans précédent un tel engouement. Les hommes politiques ont ainsi le devoir de suivre la position de la majorité plurielle au risque d’être déphasés.
Si tous les acteurs sociopolitiques sont d’accord pour la défense de l’intégrité territoriale, certains reprochent au chef de l’État de faire cavalier seul. Pourquoi ne peut-il pas rencontrer tous les leaders sociopolitiques du pays ?
T.M.M : Le chef de l’État n’est pas seul! Son peuple est avec lui. Aux autres de comprendre qu’il faut en ce moment taire les divergences et escamoter les exigences d’ordre personnel. Tout autant, ces acteurs politiques peuvent aussi faire le pas vers le chef de l’État qui n’a pas fermé ses portes à ses compatriotes.
Qu’attend-on pour rompre les relations diplomatiques avec le Rwanda et fermer la frontière ?
T.M.M : Mais déjà le geste fort a été l’expulsion de l’ambassadeur du Rwanda en RDC, et le rappel pour consultation de notre chargé d’affaires en poste à Kigali. Sur le plan diplomatique, depuis le début de cette crise, la RDC se comporte bien en allant de manière stratifiée dans des actions allant dans le sens d’un black-out de Kigali face à Kinshasa.
Est-ce que diplomaquement la voix de la RDC est aujourd’hui entendue si on tient compte des positions prises par les officiels de plusieurs pays qui appellent, par contre, au dialogue ?
T.M.M : Je n’ai jamais vu une autorité en appeler à la guerre ! Le dialogue est toujours la solution évoquée et privilégiée en cas de conflit. Mais cela n’érode pas le droit de la RDC d’utiliser la force, surtout face à des réfractaires comme ces terroristes du M23, hommes liges du Rwanda. Aujourd’hui, plusieurs pays condamnent fermement l’implication avérée du Rwanda dans la crise sécuritaire que connaît la RDC. C’est la preuve que petit à petit, la mayonnaise commence à prendre. L’isolement diplomatique du Rwanda commence, et il sera sévère.
Le gouvernement avait qualifié le M23 de mouvement terroriste. Est-ce qu’il peut retropédaler et se mettre sur la table des négociations avec les mêmes terroristes à la demande de certains pays de la région ?
T.M.M : Les USA avaient traité les talibans de terroristes. Mais des arrangements ont été faits lors de la reprise de Kaboul par ces forces. Nous disons et confirmons qu’au regard du droit international, ces pilleurs, violeurs et destructeurs du M23 sont des terroristes. Raison pour laquelle, notre gouvernement conditionne tout dialogue à un retrait de leurs éléments sur le territoire national. C’était d’ailleurs ça l’idée du dialogue organisé à Nairobi qu’ils ont préféré sécher pour reprendre la voie des armes. Dialogue oui, mais sous condition.
On vous sent opposé catégoriquement au mixage et au brassage pour les anciens éléments rebelles ?
T.M.M : Oui. L’histoire nous renseigne que depuis 1998, les mouvements insurrectionnels sont portés par les anciens rebelles devenus membres de notre armée grâce aux mixages. Pire, certains voisins ont profité de ces brassages pour nous infiltrer, les cas de James Kabarebe, ancien chef d’État-major congolais, hier ministre de la Défense du Rwanda et aujourd’hui conseiller spécial chargé de la sécurité du président Kagame; Bosco Ntanganda aujourd’hui à la CPI, jugé comme officier rwandais; et Nkunda Laurent, aujourd’hui résident à Kigali, ayant récupéré sa nationalité rwandaise. Ce cycle doit cesser, et éviter de présenter le brassage ou le mixage comme une prime à la guerre car les mutins exigent ensuite d’intégrer l’armée avec leurs grades de la rébellion. Non. Plus question de ça.
Qu’est-ce vous attendez concrètement de la Force régionale. L’interposition ou la traque des groupes armés dont le M23 ?
T.M.M : Nous attendons de ces troupes venues des pays frères, des actes offensifs à l’endroit des ennemis de la paix.
On peut organiser les élections sans Bunagana et Rutshuru ?
T.M.M : Ça peut être fait comme en 2018 ; on y est allé sans Beni. Mais faisons confiance en nos autorités, la paix est en train d’être implémentée.
Est-ce qu’avec cette guerre, on ne tend pas vers le glissement des élections de 2023 ?
T.M.M : Non. La CENI évolue bien sur le plan technique, et son président a suffisamment rassuré l’opinion sur la tenue des élections en 2023, et le ministre des Finances ne cesse de mettre à la disposition de la CENI les moyens prévus. Nous sommes sûrs.
Les conditions pour l’organisation de bonnes élections sont-elles remplies aujourd’hui ?
T.M.M : Les conditions de bonnes élections ne sont jamais remplies à 100%. Voyez les élections de mi-mandat aux Etats-Unis, première démocratie du monde. Le clivage que ça crée et la suspicion farouche. Tout ce qu’on peut faire en tant que gouvernement, c’est de mettre à temps assez de moyens que de besoin. Et c’est fait. En tant que CENI, de travailler sur le plan technique pour que les choses se déroulent bien. Et c’est en bonne évolution. En tant que Parlement, de mettre à disposition l’arsenal juridique qu’il faut, et c’est fait. Et enfin, en tant qu’acteurs politiques, d’y mettre de la bonne foi, en évitant de chercher les poux sur la tête d’un chauve. C’est-à-dire, ne pas créer des problèmes qui n’existent pas.
L’opposition exige des discussions sur la nouvelle loi électorale, sur la désignation des animateurs de la Cour constitutionnelle et de la CENI, est-ce une manière de garantir la tenue des élections apaisées et transparentes ?
T.M.M : La loi électorale a été discutée au Parlement et c’est ce que prévoit la loi. On ne parle pas d’une loi à soumettre à référendum ! Pour ce qui est de la Cour constitutionnelle, aucun des 9 juges n’a été choisi en dehors de ce que prévoient les mécanismes en la matière. De même pour la CENI où chaque composante a porté son candidat au poste prévu par la loi organique. Cette stratégie de discuter indéfiniment ne va pas nous aider à avancer pour tenir les dates. Au contraire, cette stratégie est souhaitée par certains pour justement occasionner le glissement. De notre part, nous sommes liés par le pacte républicain. Nous ne pouvons accepter des débats sur de simples vue d’esprits.
Selon vous, le bilan actuel du chef de l’État peut-il lui donner un second mandat ?
T.M.M : Le bilan du chef de l’État est positif. Et en face, il y a quoi ? Un vide. Aucune proposition, ni programme de développement. Le discours de l’opposition est subjectif. Et ne peut dans ces conditions drainer une opinion favorable. Par contre, le peuple voit et vit la gratuité, la construction des routes, le lancement des projets importants tels que celui de développement local des 145 territoires; un budget historique et une réserve de change qui garantit une stabilité à nos importations et à notre monnaie.
Thierry Monsenepwo Mototo, je vous remercie./mediascongo.net